En l’espace de 48 heures, la situation que la direction estimait sous contrôle à la Résidence du Bonheur a complètement basculée.
Ce vendredi 17 avril, les 33 pensionnaires avaient tous été déclarés positifs à la COVID-19, sauf un. Deux jours plus tôt, le bilan faisait plutôt état de 13 résidents infectés.
«La santé publique est venue tester l’ensemble des résidents mardi [le 14 avril]. Ils étaient atteints, mais on ne le savait pas», explique le propriétaire Michel Nardella.
Au cours de la journée, un résident a rendu l’âme, portant à 7 le nombre de décès que l’on déplore dans ce CHSLD privé non conventionné établi à Saint-François.
Du côté des employés réguliers, 28 des 32 préposés aux bénéficiaires ont été contaminés. Au total, ils sont 36 travailleurs de la santé à avoir été retirés de leur milieu de travail et placés en quarantaine.
Cas de négligence?
Appelé en renfort par le CISSS de Lanaudière qui a un entente de service avec ce CHSLD privé, le président du Syndicat des infirmières, inhalothérapeutes et infirmières auxiliaires de Lanaudière, Stéphane Cormier, a qualifié la résidence de «mouroir» sur les ondes de TVA.
Le leader syndical attaché à la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) a soulevé de sérieux problèmes de négligence quant aux soins d’hygiène personnelle des résidents.
En entrevue au Courrier Laval, il a aussi dénoncé le manque d’équipements de protection individuelle (ÉPI) pour le personnel. «Je dis à mes membres d’apporter leur équipement», mentionne-t-il en déplorant l’absence de mesures de prévention.
Démenti
Propos démentis par le propriétaire de la résidence, qui assure que «tous les résidents reçoivent les soins et les services qu’ils requièrent» et qu’il «ne manque jamais d’ÉPI» alors que le CISSS l’approvisionne aux deux à trois jours.
«On est 20 personnes dont 6 des CISSS et 1 du Ministère [présents vendredi à la résidence] qui sont capables de témoigner du contraire», ajoute M. Nardella.
«Je préfère me référer à mes employés et leur syndicat qu’à quelqu’un qui ne nous connaît pas et qui n’a jamais mis les pieds dans la place», poursuit-il en évoquant l’évaluation favorable dont témoignait deux jours plus tôt au Courrier Laval le porte-parole du Syndicat québécois des employés de service affilié à la FTQ.
Enfin, M. Nardella est convaincu que le rapport à venir du spécialiste en gestion de crise, un consultant externe engagé par la santé publique, lui rendra justice.