Le maire Stéphane Boyer a ouvert le Sommet de l’habitation ce matin en suggérant de revoir le cadre légal afin de permettre aux Villes de taxer les spéculateurs immobiliers.
Cette idée, il l’a partagée devant un parterre de plus de 300 acteurs et intervenants de premier plan réunis à Laval pour échanger et trouver des solutions structurantes à la crise du logement qui sévit actuellement.
Dans un contexte de criante pénurie de logements qui attise cette crise de l’abordabilité, le maire Boyer y voit-là un levier doublement intéressant pour les Municipalités, désireuses de financer des initiatives en logement social et abordable.
Ce pouvoir de taxation donnerait aux Villes les moyens de leurs ambitions en générant d’importants revenus tout en libérant des terrains actuellement non disponibles pour la construction de nouveaux logements.
«Si financièrement, ce n’est pas intéressant de garder un terrain et ne rien faire avec pendant 20 ans, les terrains vont devenir plus accessibles pour ceux qui veulent faire de l’habitation», a fait valoir celui qui coorganise le Sommet avec son homologue de Longueuil, la mairesse Catherine Fournier.
Un pactole
Présentement, la spéculation immobilière ne sert que les propriétaires qui détiennent ces lots vacants et le pactole que ceux-ci représentent incite à l’immobilisme, le temps d’obtenir le changement de zonage désiré qui en fera exploser la valeur.
À titre d’exemple, le dézonage d’un terrain agricole ferait bondir sa valeur de 1 dollar à 20, 30, 40 dollars le pied carré, a illustré M. Boyer. «C’est 2, 3, 4000 pour cent de rendement pour quelques années; c’est hallucinant!»
Cela dit, «la spéculation foncière ne rapporte aucune plus-value à la société, ne règle aucun enjeu, a-t-il enchaîné. Ça ne crée pas de jobs, ça ne résout pas de problèmes; ça ne donne pas un toit aux gens qui en ont besoin».
Enfin, le maire Boyer souhaite «taxer les comportements indésirables» des spéculateurs – souvent de «grands fonds d’investissement cotés en bourse» précise-t-il – comme les gouvernements le font avec les grands pollueurs, les cigarettiers et les fumeurs pour financer les programmes en environnement et les coûts de santé liés au tabagisme.