L’administration Boyer délie à nouveau les cordons de la bourse dans le cadre de son plan d’acquisition des milieux naturels au quadrant sud-est des boulevards Saint-Elzéar et Curé-Labelle, dans Chomedey.
La Ville a annoncé ce lundi 20 juin l’acquisition au coût de 10,6 M$ de deux lots bordant le boulevard Curé-Labelle au nord de l’autoroute 440. D’une superficie de quelque 40 500 mètres carrés, ces terrains en partie couverts de milieux humides voisinent avec deux autres lots acquis en mars dernier pour la somme de 9,1 M$.
Cela porte à 100 000 mètres carrés, équivalant à 14 terrains de soccer, la protection de ces milieux fréquentés par au moins 88 espèces d’oiseaux, dont plusieurs dépendant directement des écosystèmes aquatiques pour se nourrir, révélait l’automne dernier au Courrier Laval le biologiste Alexandre Choquet.
Ce dernier est coauteur du mémoire Le grand intérêt des derniers milieux humides lavallois, produit en 2020 par le Conseil régional de l’environnement (CRE) de Laval. Le CRE y réclamait incidemment la conservation intégrale de l’étang, des marais et marécages concentrés dans ce quadrilatère délimité par les boulevards Saint-Elzéar et Curé-Labelle, la rue du Marché 440 et l’autoroute Jean-Noël-Lavoie.
Îlots de fraîcheur
Cette acquisition est particulièrement significative, puisqu’elle nous permettra de faire bénéficier aux citoyens de ce secteur fortement urbanisé de l’une des dernières étendues à l’état naturel, a déclaré par voie de communiqué le maire Stéphane Boyer. On peut donc maintenant affirmer qu’aucun développement immobilier ne verra le jour à cet endroit […] C’est une excellente nouvelle, puisque ces îlots de fraîcheur ont un impact majeur sur l’ensemble du quartier».
L’investissement municipal fait suite à l’adoption du Plan régional de protection des milieux humides et hydriques de la Ville de Laval, le 8 juin dernier, et s’inscrit dans le cadre de la Trame verte et bleue lavalloise, mise en œuvre au printemps 2021.
Milieux humides connectés
Utilisés à des fins agricoles jusqu’à la fin des années 1970, ces terrains en zone humide principalement couverts de friches herbacées et arbustives se trouvent à la tête du ruisseau Papineau-Lavoie, qui prend sa source dans le bassin anthropique situé dans le Parc Joachim-du-Bellay et parcourt 8,5 kilomètres avant de se jeter dans la rivière des Prairies du côté de Sainte-Dorothée.
La protection des milieux humides connectés à la tête de cet important cours d’eau est «primordiale» au maintien d’«un régime hydrologique viable autant pour nos infrastructures que pour la biodiversité», affirmait en 2020 M. Choquet. L’environnementaliste réagissait alors au nouveau Règlement de contrôle intérimaire (RCI), qui visait la protection et la conservation d’un millier d’hectares de milieux humides d’intérêt dont les écosystèmes du secteur Saint-Elzéar avaient été les grands oubliés.
Mise en réserve
Les revendications des Amis des milieux naturels de Laval, regroupement rapidement formé de résidents du secteur inquiets de voir ces terrains voués au développement, ont été entendues par l’administration municipale. Dès septembre 2021, la Ville imposait une mise en réserve sur l’ensemble de ces terrains en friche.
Depuis, la Municipalité a acquis 10 des 12 hectares ciblés par ce moratoire y interdisant toute construction pour une période de deux ans, le temps d’en négocier l’acquisition avec les trois propriétaires privés concernés.
Reste plus qu’à mettre la main sur le terrain situé derrière les magasins en front de l’autoroute 440 (voir la carte ci-contre) où se trouvent, entre autres, Le Grand Marché et Nutri Zoo, là où le zonage en vigueur autorise un développement industriel et commercial.