Aux fins de protection, les élus lavallois entérineront ce soir la mise sous réserve de plus de 12 hectares de milieux naturels dans le secteur Saint-Elzéar.
Par cette recommandation au conseil municipal, le comité exécutif s’est rendu à la demande d’un regroupement de citoyens qui, depuis un an, réclamait publiquement l’imposition d’un moratoire sur tous les projets de construction au quadrant sud-est des boulevards Saint-Elzéar et Curé-Labelle, dans Chomedey.
Désireux de voir intégrer ces terrains au Règlement de contrôle intérimaire (RCI) – adopté au printemps 2020 – qui visait la protection et la conservation d’écosystèmes d’intérêt, des résidents du secteur avaient alors fondé Les Amis des milieux naturels de Laval afin de faire pression sur l’administration municipale.
Deux ans
D’une durée de deux ans et renouvelable au besoin pour deux années additionnelles, cette mise en réserve y empêcherait tout développement d’ici l’automne 2025 dans la mesure où elle serait évidemment reconduite.
Ce moratoire donnerait tout le temps nécessaire aux autorités municipales de négocier l’acquisition de ces milieux naturels auprès des trois propriétaires privés concernés pour en permettre l’accès au public.
Le zonage en vigueur permet un développement industriel et commercial pour l’ensemble de ces terrains en front de l’autoroute 440.
«On ne pouvait pas laisser aller ces terrains d’une grande valeur écologique pour du développement», a déclaré le vice-président du comité exécutif Stéphane Boyer dans un communiqué publié le jour de la fête du Travail, la veille du conseil municipal.
«À court terme, ce geste légal nous permet de mettre un frein à tout développement afin de préserver la richesse écologique de ce territoire, ajoute-t-il. À moyen terme, c’est clair que notre objectif est de les acquérir pour les préserver. Nous entamerons rapidement des échanges avec les propriétaires pour tenter de réaliser une acquisition de gré à gré.»
Véritable oasis
Les terrains qui seront frappés d’un moratoire reposent principalement sur trois lots d’une superficie totalisant précisément 120 947 mètres carrés, ce qui représente 17 terrains de soccer. À cela s’ajoutent des lots appartenant déjà à la Ville.
«Environ 4,7 des 12 hectares sont des milieux humides», observe le biologiste à l’emploi du Conseil régional de l’environnement (CRE) de Laval, Alexandre Choquet, en entrevue au Courrier Laval. Des 88 espèces d’oiseaux répertoriées depuis le mois de mai dernier, plusieurs dépendant directement des écosystèmes aquatiques pour se nourrir, ne manque-t-il pas de souligner.
Alexandre Choquet est coauteur du mémoire Le grand intérêt des derniers milieux humides lavallois, que le CRE avait déposé à la Ville dans le cadre des consultations publiques en marge du RCI.
Incidemment, l’organisme y réclamait, entre autres, la conservation intégrale de deux grands étangs, des marais et marécages concentrés dans ce quadrilatère délimité par les boulevards Saint-Elzéar et Curé-Labelle, la rue du Marché 440 et l’autoroute Jean-Noël-Lavoie.
«C’est un très beau gain pour la conservation et l’environnement», poursuit M. Choquet. D’autant qu’il jugeait «primordiale la protection des derniers milieux humides à la tête du ruisseau Papineau-Lavoie pour maintenir un régime hydrologique viable autant pour nos infrastructures que pour la biodiversité».
La sauvegarde de «l’oasis au sud de Saint-Elzéar» contribuera à l’atteinte des cibles que la Ville s’est données pour 2035, à savoir protéger 14 % de l’ensemble de son territoire et hausser à 27 % l’indice de la canopée, ajoute l’environnementaliste, tout en saluant au passage cette «victoire citoyenne».
Du côté de l’administration Demers-Boyer, on rappelle que le cours d’eau Papineau-Lavoie traverse une grande partie du territoire à protéger et que le secteur est identifié comme un corridor écologique régional dans le Plan de conservation des milieux naturels adopté par la Ville.