Le sujet a fait débat dans la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) cette année et retenu l’attention au conseil municipal de Laval au cours de l’été.
On se rappellera que l’hiver dernier, les maires sortants Marc-André Plante (Terrebonne), Guillaume Tremblay (Mascouche) et Normand Dyotte (Candiac) faisaient front commun, réclamant que soit réformée à brève échéance la Loi sur l’expropriation afin qu’ils puissent préserver au cœur de leur municipalité d’anciens terrains de golf visés par un développement à haute densité.
En juillet, la motion déposée par le conseiller municipal sortant de Saint-Bruno, David de Cotis, à l’effet d’appuyer leurs revendications auprès de Québec avait rallié les élus lavallois.
Enjeu électoral
Dans la foulée de la refonte des règlements d’urbanisme, le Mouvement du Parc Sentiers des Bois – dans le secteur Jolibourg – a produit un mémoire visant la conversion en parc-nature des terrains de golf de l’ouest de l’île une fois que ceux-ci cesseront leurs activités.
Son porte-parole Jonathan Tremblay en a fait un enjeu électoral, invitant les cinq formations politiques lavalloises qui aspirent à prendre le pouvoir de même que le candidat indépendant à la mairie Nicolas Lemire à se prononcer sur la question. Voici essentiellement ce qui en est ressorti.
Mouvement lavallois
Advenant un changement de vocation, le Mouvement lavallois – Équipe Stéphane Boyer assurerait un minimum de préservation d’espaces verts de 50 % de ces vastes terrains.
«Si certains golfs venaient à être mis en vente, nous évaluerons l’opportunité d’en faire l’acquisition. Nous voulons aussi explorer les meilleures façons de rendre accessibles au grand public les golfs en hiver», peut-on également lire à la page 9 de la plateforme du parti.
Par ailleurs, le ML maintient et défend le futur zonage «secteur d’expansion urbaine (SEU)» qui affectera ces terrains à vocation récréotouristique dès l’entrée en vigueur du nouveau Code de l’urbanisme (CDU) , prévue au second semestre 2022. Le parti affirme que ce zonage ne permet «aucun développement de plein droit», ajoutant que «pour pouvoir se réaliser, tout projet à l’avenir devra passer par un plan d’aménagement d’ensemble [PAE] rigoureux et passer par un changement de zonage qui devra être accepté par les citoyens du secteur. Il ne peut donc pas y avoir de projet s’il n’y a pas d’acceptabilité sociale.»
Parti Laval
Sans s’avancer sur le pourcentage à protéger, Parti Laval – Équipe Michel Trottier «assurerait un développement responsable dans le cas des terrains de golf qui feraient l’objet d’une demande de requalification».
Le parti fait valoir qu’il mettrait à contribution le Conseil régional de l’environnement (CRE) de Laval afin de recenser sur les golfs Islesmere, Cardinal et Laval-sur-le-Lac les milieux d’intérêt à protéger et ainsi établir la portion d’espace vert nécessaire afin de maintenir la qualité de vie dans l’ouest de l’île.
Cela dit, on précise «que le développement de certains terrains de golf peut avoir un potentiel de lutte aux changements climatiques» lorsque celui-ci s’arrime aux principes d’un développement TOD [Transit-oriented development] autour de pôles de transport en commun, tel le Réseau express métropolitain (REM) qui desservira l’ouest de l’île dès sa mise en service.
S’engageant à y protéger les arbres matures et milieux humides, le Parti Laval est d’avis «qu’il est possible d’offrir un bel équilibre à la population lavalloise entre développement et espaces verts […] Chaque projet devra faire l’objet d’une consultation publique et être soumis à la volonté citoyenne».
Action Laval
En matière de requalification des golfs, Action Laval – Équipe Sophie Trottier est favorable «à la conservation et la protection du couvert forestier et des milieux humides, mais aussi à la faune qui y vit ou y transite». En ce sens, «il est donc important que la planification à court, moyen et long terme prévoie de protéger aussi les corridors écologiques qui s’y retrouvent», ajoute-t-on.
Le parti rappelle avoir été à l’origine cet été de la résolution en vertu de laquelle le conseil municipal demandait à Québec de modifier la Loi sur l’expropriation des golfs afin justement de permettre aux Villes de soustraire certains de ces terrains au développement immobilier.
«Nous croyons qu’il est important de conserver la plus grande partie possible» en fonction de la capacité de payer des citoyens. «Pour cette raison, nous [nous] faisons une priorité d’aller chercher l’aide des autres paliers de gouvernement», termine le parti qui voit l’éventuelle fermeture de terrains de golf comme «une opportunité d’accélérer la protection du territoire».
Laval citoyens
Laval citoyens – Équipe Michel Poissant, qui attribuerait aux clubs de golf un zonage qui ne les destinera pas d’emblée à un redéveloppement, dit ne pas disposer des informations et expertises nécessaires pour se prononcer sur la portion à exclure de tout développement. Toutefois, le parti concède qu’«une portion importante de ces immenses terrains devra être préservée pour assurer une meilleure qualité de vie aux citoyens».
Une administration Poissant procéderait «à une consultation citoyenne pour déterminer la volonté de la population quant au futur des golfs qui cesseraient leurs opérations», identifierait «les milieux naturels qui doivent être préservés» et verrait à ce que «la nouvelle vocation d’un golf préserve la qualité environnementale du quartier en améliorant l’accessibilité à des espaces verts importants de qualité».
Si cette formation politique reconnaît «les principes de développement durable et d’optimisation des infrastructures de transport de masse», elle affirme que «l’ouest de l’île n’est pas conçu pour intégrer une densification importante».
Ma Ville maintenant
Ma ville maintenant – Équipe Pierre Anthian protégerait dans leur intégralité les terrains de golfs en fin de vie.
«Laval est arrivée à un point de rupture, où le fragile équilibre entre la nature et l’urbanisation est compromis. Pour ces raisons, le conseil de ville [sous une administration Anthian] devra statuer dans les 100 premiers jours sur un règlement ou un moratoire pour protéger intégralement les boisés, les berges et les golfs.»
Le parti poursuit: «Il y a des espaces dédiés aux développements et d’aucune façon des milieux naturels, boisés, berges, golfs, etc. ne devraient satisfaire l’appât foncier. Et de la même façon que les terres agricoles ont été protégées perpétuellement dans le schéma d’aménagement du territoire, les espaces naturels devront non seulement être protégés, mais aménagés pour que les Lavallois puissent se les approprier.»
Ma ville maintenant explique sa position par le fait que plus de 80 % des gens qui ont choisi de s’établir à Laval ces dernières décennies l’auraient fait en raison de ses espaces verts.
Nicolas Lemire
Candidat indépendant à la mairie, Nicolas Lemire consoliderait «au moins 75 % de la superficie des golfs de l’Ouest» pour former «un réseau de grands parcs écologiques». Quant à la partie à redévelopper, elle ferait place à des «écoquartiers exemplaires».
Conscient que l’arrivée du Réseau express métropolitain (REM) accentuera la pression sur ces espaces verts, l’étudiant en maîtrise en urbanisme sert cette mise en garde: un projet de développement ne s’inscrit pas dans la vision TOD par sa seule proximité avec une future station de train.
«Je crois que l’élaboration d’un Programme particulier d’urbanisme (PPU) des Golfs de l’Ouest est une solution originale, notamment pour sécuriser de larges espaces verts de grande qualité dans le quartier, dit celui qui souhaiterait qu’une caractérisation urbaine et écologique soit menée au plus vite. La caractérisation permettrait d’identifier les barrières existantes, les besoins des résidents, les corridors à préserver, les espaces à mettre en valeur et, s’il y en a, les terrains à faible valeur écologique bien connectés aux transports durables.»
Sans entraver «les corridors verts prévus et existants», les développements prévus au PPU devront «faciliter l’utilisation des transports collectifs et actifs par une proximité intelligente, s’insérer harmonieusement aux quartiers et aux parcs et consolider la trame urbaine et les services dans le quartier», termine Nicolas Lemire.
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