Considérée comme l’un des principaux services de santé de Laval qui permettent à l’urgence de la Cité de la Santé de respirer de temps à autres, cette clinique sans rendez-vous, anciennement connue comme l’urgence de Sainte-Rose, a déjà connu une époque plus rose.
Des douze médecins qui œuvrent présentement à ce CLSC, trois seulement font du sans rendez-vous à temps plein. Le Centre de santé et de services sociaux (CSSS) est même parfois contraint d’engager des médecins «dépanneurs» de cliniques privées à temps partiel pour pallier les manques.
Voilà cinq ans seulement, sur semaine, au moins trois médecins assuraient quotidiennement ce service, alors qu’on en comptait deux les week-ends.
Aujourd’hui, on n’en compte jamais plus d’un ou deux les jours de semaine, et seulement un la fin de semaine.
Résultat: beaucoup de mécontentement chez les patients de la clinique, qui doivent souvent patienter plusieurs heures avant de consulter un médecin. «L’accessibilité médicale s’est effectivement vue diminuée de beaucoup, confie Jeanne-Evelyne Turgeon, coordonnatrice des services de santé généraux. D’ailleurs, au cours du mois d’août, nous ne serons peut-être pas capables de demeurer ouverts jusqu’à 20h à tous les jours, comme à l’habitude. Nous connaissons surtout des problèmes au niveau du recrutement de médecins.»
Salaires
Selon Daniel Corbeil, directeur général adjoint clinique, les difficultés de recruter de nouveaux médecins au CLSC de Sainte-Rose s’expliquent en grande partie par les conditions salariales.
«Il faudrait que Sainte-Rose soit reconnu par le Ministère comme un véritable service d’urgence, estime-t-il. Un médecin à la clinique sans rendez-vous gagne environ 70 % du salaire d’un médecin à l’urgence de la Cité de la santé, alors que leur travail se ressemble beaucoup. Dans un tel contexte, il est difficile de combler les départs massifs de médecins. En quelques années seulement, nous en avons perdu une dizaine à ce CLSC.» «Si on revoit ce service dans un modèle d’urgence, les heures d’accessibilités seront plus grandes, et c’est l’urgence de la Cité de la Santé qui sera soulagée, ajoute-t-il. En terme d’urgence, on n’est pas très bien équipés, à Laval.»
Alain Côté, un médecin qui pratique au CLSC de Sainte-Rose depuis plusieurs années, croit que la solution aux problèmes de recrutement passe par de meilleures conditions salariales pour les médecins qui prennent en charge la clientèle vulnérable. «On devrait s’assurer que les 2 % d’augmentation que nous avons à chaque année soient investis dans la prise en charge des patients vulnérables ainsi que dans les régions, avance-t-il. De cette façon, on n’aurait plus besoin des Plans régionaux d’effectifs médicaux [PREM], qui nous mettent des bâtons dans les roues.»
Les PREM seraient d’ailleurs l’un des principaux facteurs à l’origine de la difficulté du recrutement de la clinique Sainte-Rose.
Comme le Courrier Laval le mentionnait, voilà quelques semaines, le recrutement d’omnipraticiens autorisé à Laval par le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), pour 2008, n’a été que de trois nouveaux facturants, ce qui a créé beaucoup de mécontentement au sein de l’administration du CSSS Laval. À titre comparatif, Montréal-centre en a eu 46, et la Montérégie 28. «On sent de la grogne chez certains patients et on reçoit des plaintes, admet Jeanne-Evelyne Turgeon. Le climat dans la salle d’attente n’est pas toujours cordial. On a même dû former le personnel pour gérer les rares cas d’agression.»
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