Avec son quatrième roman, Sedoud Mas Ansan, Québécois d’adoption depuis 2001, attaque de front deux morceaux de choix: les dangers du modèle multiculturaliste canadien et le débat sur la laïcité au Québec.
Dans «Comment décrocher la lune» (chez edilivre.com), l’auteur souhaite ardemment que le Québec adopte une loi sur laïcité le plus vite possible. On lui a en effet «décroché la lune» (c’est ce à quoi le titre fait allusion) avec l’arrivée de la Loi 21 quelque temps après.
«L’avènement de cette loi était devenu pressant avec la montée de l’idéologie des islamistes qui est accompagnée d’un projet de société», dit-il.
«On voit émerger ce danger au Canada et au Québec, par exemple avec toutes les demandes d’accommodements religieux ou la tentative d’instaurer la charia (loi islamique) en Ontario en 2004. Ils sont trop écoutés; je parle des islamistes, pas des musulmans.»
C’est la raison pourquoi Sedoud Mas Ansan appuyait le Parti québécois de 2012-2014, avec la proposition de charte des valeurs, quoique celle-ci représentait un recul sur la proposition initiale de charte de la laïcité.
L’auteur condamne aussi le modèle multiculturel canadien actuel:
«Ses promoteurs parlent beaucoup du vivre ensemble, mais on assiste à l’émergence du contraire, le communautarisme, qui est une division plus qu’un rassemblement.»
On lit dans son livre: «Une minorité essaie de gruger dans les espaces de liberté acquis de haute lutte par une majorité citoyenne qui, à force d’être brimée, se retire dans son repaire.»
«La loi québécoise sur la laïcité peut aller plus loin dans son objectif de séparer la religion et l’État. C’est primordial pour l’épanouissement de l’individu ainsi que la cohérence des programmes gouvernementaux.»
Il a aussi publié «Le grand écart» (Fleur de Lys, 2007), «Une montée de lait patriotique» (Persée, 2014) et «Un doyen tire sa révérence» (Persée, 2014).
L’auteur fonde le propos de ce roman de société sur sa propre identité, qu’il défend avec passion: «Je suis berbère bien avant d’être algérien, et je ne suis surtout pas arabe» (les Berbères, peuple souche du Maghreb, ont été conquis par les Arabo-musulmans). Il se décrit comme «laïc, mais pas athée».
Sedoud Mas Ansan a quitté en 2001 son pays natal, l’Algérie, pour rejoindre Montréal. Sa femme et ses enfants n’ont pu le rejoindre que sept ans plus tard. Il est chauffeur de taxi le jour et écrivain la nuit.