Par rapport aux revenus de fonctionnement consolidés, le ratio de ces sommes était à la fin 2014 quatre fois plus élevé que celui de la moyenne des autres municipalités de plus de 100 000 habitants.
Voilà ce qui ressort de l’analyse comparative qu’en a faite le Bureau du vérificateur général de Laval dans son dernier rapport.
Au 31 décembre 2014, la Ville de Laval et ses organismes contrôlés avaient accumulé 505,7 M$ en surplus, réserves financières et fonds réservés, représentant 60 % des revenus annuels de fonctionnement consolidés d’environ 844 M$.
Pendant ce temps, les 9 autres plus importantes villes au Québec affichaient un ratio moyen de 13,2 %.
En forte croissance
Même que la tendance s’est accentuée depuis 2010, le ratio passant de 39,4 % à 60 % en cinq ans. Pour la même période, les autres grandes villes ont vu leur ratio global légèrement augmenter de 11,3 % à 15,2 %.
«Le rapport 2015 du vérificateur général de Laval est accablant et préoccupant pour l’administration Demers», a réagi le Parti Laval avec à sa tête le conseiller municipal Michel Trottier. Il reproche au maire d’avoir engrangé des surplus excédant les 70 M$ sur le dos des citoyens ces trois dernières années.
M. Trottier et son équipe estiment que les Lavallois ont été «taxés inutilement pour réaliser de nombreux projets sans réelle planification et sans consultation», évoquant au passage le projet structurant du centre-ville, la Place Bell, le Complexe aquatique et une «copie» de la Grande Bibliothèque de Montréal.
Stratégie
Le directeur du Service des finances à la Ville, Sylvain Gouin, rejette du revers de la main les attaques de l’opposition tout en défendant la stratégie qui est celle de l’administration lavalloise et sa bonne gestion des finances publiques.
«En aucun cas la Ville n’a augmenté ses taxes pour alimenter ses réserves», dit-il, précisant que la somme annuelle du budget de fonctionnement dédiée à ces réserves demeure stable depuis plusieurs années.
Les sommes aujourd’hui engrangées s’expliquent par le fait que les dépenses d’investissement ne se sont pas réalisées au rythme planifié.
«On a fait le choix de maintenir et stabiliser la charge fiscale», fait valoir M. Gouin tout en insistant sur le fait que bien que les investissements tardent, les besoins demeurent importants.
«Les projets sont là et les besoins sont nettement plus grands que les sommes accumulées et plus importants que ce qu’on perçoit annuellement.»
Il en veut pour preuve la réserve de l’eau dont le solde est de 162,2 M$, alors que le seul défi que pose le problème des surverses pourrait nécessiter des dépenses oscillant entre 600 M$ et 1 milliard sur un horizon de 5 à 10 ans.
Le modèle lavallois, poursuit-il, favorise le paiement au comptant de certains travaux d’infrastructures plutôt que d’avoir recours de façon systématique à l’emprunt. Ce sera, entre autres, le cas pour le Complexe aquatique et le Centre animalier, glisse-t-il au passage.
«C’est le modèle que les grandes villes visent présentement», termine le directeur des Finances, soulignant que Montréal, qui affecte annuellement 240 M$ dans ses réserves, vise les 800 M$ par année dans 10 ans.