Vingt-quatre ans, en pleine forme, ex-enseignante de tennis, jeune physiothérapeuthe. C’est ainsi que Francine Lajoie-Riopel, résidente de Chomedey, décrit sa fille. C’était il y a 3 ans.
Le 22 juillet 2004, une soirée de golf anodine et quelques dizaines de piqûres de moustiques font basculer la vie de Véronique. Quelques jours plus tard, le corps de la jeune femme se couvre de bleus. «C’était autour des piqûres d’insectes. Des méga-bleus, grands comme ma main.»
Un ennemi inconnu
Trois années à lutter contre un ennemi inconnu s’amorçaient. À la fièvre, la sinusite chronique et les yeux rougis, ont succédé l’arthrite, la fatigue, la basse pression, jusqu’à l’alitement en octobre 2004. À ces maux se sont alors ajoutés les douleurs musculaires, les problèmes de digestion, l’enflure, la perte de cheveux. «Ça a été jusqu’à la paralysie partielle, relate-t-elle. Des fois, on a pensé que j’allais mourir. Je fermais les yeux le soir, et je ne savais pas si j’allais les rouvrir le lendemain.»
Le diagnostic est établi à l’hiver 2005: hypersensibilité environnementale et polysensibilité chimique. Deux autres médecins abonderont dans le même sens. Aujourd’hui, les parfums, produits nettoyants, la fumée de cigarette et les radiations électromagnétiques d’un téléphone cellulaire ou d’un ordinateur, entre autres, déclenchent chez elle une tempête immunitaire.
Elle sait aujourd’hui, à force de se documenter sur l’origine de son mal, que la trentaine de piqûres d’insectes subies le 22 juillet 2004 ont eu sur son organisme l’effet d’autant d’inoculations empoisonnées par les pesticides présents sur le terrain de golf, transmis par les moustiques contaminés. Et qu’à partir de ce moment, son corps a développé des allergies en série. À force d’acharnement, sa mère découvrira le nom des produits appliqués sur la propriété du golf lavallois en 2004: le Banner Maxx et le Senator 70 WP, deux fongicides bénéficiant d’une homologation de l’Agence canadienne de réglementation de la lutte antiparasitaire encore valide à ce jour.
Faire bouger les choses
Après de nombreuses rechutes, déménagements et séjours prolongés dans une chambre d’hôtel climatisée, Véronique partage maintenant son temps entre la maison de ses parents, à Chomedey, et un condo à Saint-Sauveur, où elle se réfugie pendant les périodes d’épandage de pesticides, encore permis à Laval.
Elle a quitté son travail dans une clinique de physiothérapie de Chomedey. Malgré les efforts de ses employeurs pour adapter le milieu de travail à sa condition, les pesticides rendent son retour impossible pour l’instant. Elle a repris l’enseignement du tennis à Montréal, où l’épandage est interdit.
En l’absence de traitement reconnu, elle s’est accrochée à la naturopathie, la physiothérapie et les lavements intestinaux pour lentement refaire surface. «Moi, j’ai de la chance, je suis en train de m’en sortir. J’ai des hauts et des bas. Sans moral, on ne s’en sort pas.»
Parallèlement à sa lutte personnelle, elle veut partager son expérience, donner éventuellement des conférences. Elle fait partie des huit Lavallois qui ont joint les rangs de l’Association pour la santé environnementale, les hypersensibilités et les allergies du Québec, qui vient en aide à des gens comme elle. La mère appuie la fille dans sa démarche. «Je veux faire bouger les choses à Laval», lance-t-elle. (Photo: Veronique)