Se gardant de commenter le fait que seulement 3 % des berges monitorées à Laval présentaient, l’été dernier, une eau propre à la baignade comparativement à 50 % sur les rives de Montréal, l’administration Boyer s’est plutôt employée à faire valoir les actions mises en branle pour redorer son bilan en matière de qualité bactériologique de l’eau des rivières qui entourent l’île Jésus.
«En 2023, la Ville de Laval procède à une caractérisation accrue de la qualité microbiologique en rive de la rivière des Prairies, indique d’entrée de jeu le chef aux Affaires publiques, Philippe Déry, par voie de courriel. Plus précisément, la quantité d’échantillons prélevés a été triplée pour améliorer la compréhension des sources de contamination. Ceci aidera la Ville à mieux cibler ses actions».
Il ajoute que «la Ville de Laval travaille de façon active à la gestion des surverses» par l’entremise du Programme d’excellence en gestion durable des eaux pluviales (PEXGEP).
«Ce type de gestion passe notamment par la réduction à la source des eaux de ruissellement; d’ailleurs, nous venons tous juste de nous doter d’une nouvelle réglementation afin d’exiger l’infiltration des eaux pluviales à la source des premiers millimètres de pluie sur les terrains à développer.»
M. Déry fait également mention de «projets visant la conversion de réseaux [d’égouts] unitaires en réseaux séparatifs» de sorte que les eaux pluviales ne passent plus par les usines d’épuration, ce qui contribuerait du coup à réduire la pression sur les infrastructures municipales et les épisodes de surverse et de dérivation des eaux usées dans les cours d’eau de l’île Jésus.
Réservoirs souterrains
Le cabinet du maire a transmis au Courrier Laval le 20 juillet une déclaration d’Alexandre Warnet, membre associé du comité exécutif responsable du dossier de l’environnement, de la transition énergétique et de l’urgence climatique.
«Les inondations et les pluies abondantes étant de plus en plus nombreuses, il est nécessaire d’investir massivement pour faire des villes plus résilientes face aux changements climatiques», écrit-il.
M. Warnet en donne pour preuve l’éventuelle «construction de trois réservoirs souterrains pour y stocker l’eau en période de forte utilisation du réseau d’égout et ainsi réduire la fréquence de surverses».
Un premier bassin d’une capacité de 8000 mètres cubes pourrait être mis en chantier en 2024 sous le stationnement de l’aréna Cartier dans le secteur de Marigot. C’est du moins ce qu’annonçait à l’hiver 2022 le maire Stéphane Boyer à l’occasion d’une assemblée municipale. Il estimait alors autour de 15 à 20 M$ les coûts pour l’aménagement de ce bassin.
«Plusieurs mesures du Plan climat adopté récemment contribuent à éviter des débordements, notamment en réduisant les zones bétonnées et les îlots de chaleur, poursuit M. Warnet. Nous sommes conscients que l’aménagement des infrastructures actuelles n’est pas parfait, mais Laval déploie tous ses efforts pour réduire les espaces de bétons et multiplier les espaces verts».
Il termine en citant le projet visant à favoriser la mise en place de réseaux distincts pour la collecte et le transport des eaux usées domestiques et des eaux de ruissellement, ce qui permettra de limiter «les surverses» et d’améliorer «la qualité de l’eau».
Questions en suspens
Au sujet des explications formulées par Fondation Rivières, voulant que les raccordements inversés et les dérivations aux stations d’épuration soient responsables de la piètre qualité de l’eau des rivières par beau temps à Laval, la Ville affirme que les dérivations ne sont pas en cause puisqu’elle respecte l’interdiction de dériver des eaux usées par temps sec au Québec.
Dans ce cas, à quoi doit-on attribuer le fait que 31 des 32 sites échantillonnés à l’été 2022 ne passaient pas le test de qualité bactériologique par temps sec?
À midi vendredi le 20 juillet, le Service des communications de la Ville n’était pas en mesure de fournir une explication, les effectifs étant réduits en cette période estivale.
Quant à savoir si les autorités municipales ont déjà effectué dans le passé une campagne de dépistage des raccordements inversés et à combien estiment-elles le nombre de ces branchements déficients à Laval, ces questions additionnelles demeurent également en suspens. La Ville doit nous revenir dans les prochains jours.
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