Mise à jour: 29 avril, 7h05
La Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) a adopté aujourd’hui un règlement de contrôle intérimaire (RCI) visant à accélérer la protection et la mise en valeur des milieux naturels sur son territoire, notamment ceux abritant des espèces menacées telles que la rainette faux-grillon de l’Ouest.
Sauf exceptions prévues, ce RCI a pour effet d’interdire toute construction et tous travaux sur 12 367 nouveaux hectares (ha) de milieux terrestres et humides d’intérêt métropolitain, portant à plus de 53 000 le nombre d’hectares visés par des mesures de conservation dans le Grand Montréal. Au total, cela représente 22,3 % de l’ensemble du territoire de la CMM, une superficie équivalente à l’île de Montréal.
La mairesse de Montréal et présidente de la CMM, Valérie Plante, parle d’un «geste historique».
De fait, c’est la première fois dans l’histoire du Québec que l’habitat de cette espèce menacée d’extinction qu’est la rainette faux-grillon de l’Ouest est ainsi cartographié et visé par des mesures de conservation dans un outil d’aménagement.
«Avec ce règlement, nous freinons la pression sur nos milieux naturels et protégeons les espèces en situation précaire les plus rares», précise Mme Plante.
Le RCI contribuera également à protéger les habitats du petit blongios, du ginseng à cinq folioles, des occurrences floristiques prioritaires non protégées de plantes vasculaires et des alvars, mais aussi à préserver des écosystèmes forestiers exceptionnels (ÉFE) tout en participant au maintien de l’équilibre des écosystèmes et de la diversité biologique du territoire.
Le CRE s’en réjouit
Minuscule grenouille (elle fait quelque 2,5 cm de longueur et pèse environ 1 gramme) particulièrement présente sur la rive sud de Montréal, la rainette faux-grillon de l’Ouest n’est pas répertoriée sur le territoire de l’île Jésus, souligne dans un échange de courriels Alexandre Choquet, biologiste au Conseil régional de l’environnement (CRE) de Laval.
«Puisque plusieurs Municipalités semblaient récalcitrantes à protéger ces habitats, nous sommes bien heureux que la CMM mette son poing sur la table à ce sujet», poursuit-il.
Impact à Laval
Et qu’en est-il des superficies nouvellement protégées en sol lavallois?
«Pour Laval, le RCI peut sembler de faible importance, mais c’est en grande partie parce que la Ville de Laval est bonne joueuse et prend de plus en plus au sérieux la protection de ses milieux naturels», observe M. Choquet.
Il évoque ainsi les Règlements de contrôle intérimaire visant la protection et la conservation des boisés d’intérêt (2014) et des milieux humides d’intérêt (2020). En 2014, par exemple, le RCI ciblait, entre autres, les boisés d’intérêt métropolitain que sont les Bois Saint-François (Est et Ouest), Duvernay, d’Auteuil, de l’Équerre et de Sainte-Dorothée.
Cela dit, le RCI de la CMM «protège de nouveaux milieux humides que la Ville ne protégeait pas encore». Le biologiste ajoute: «Selon ce que j’ai vu, ce n’est pas une grande superficie, puisque la Ville de Laval protège déjà beaucoup de milieux humides, donc il y en avait peu à ajouter du côté de la CMM. La majeure partie des milieux humides concernés par ce RCI se trouve dans le secteur ouest du Bois de Sainte-Dorothée.»
Maire de Laval et vice-président du conseil de la CMM, Stéphane Boyer a rappelé l’urgence d’agir et le rôle clé que les municipalités et la CMM ont à jouer dans la transition écologique. «Laval se fait donc un devoir de placer l’environnement au cœur de ses priorités et de ses actions, que ce soit par la protection des milieux naturels, la lutte contre les changements climatiques, la plantation d’arbres ou la mise en place de programmes novateurs. D’ailleurs, mon administration s’est notamment engagée à doubler les acquisitions de milieux naturels et à créer la plus grande réserve faunique en milieu urbain», a-t-il déclaré.
Enfin, le RCI entrera en vigueur dès son approbation par la ministre des Affaires municipales et de l’Habitation, Andrée Laforest, dans un délai maximal de 60 jours. Ce règlement s’appliquera jusqu’à ce que le contenu du futur Plan métropolitain d’aménagement et de développement (PMAD) soit intégré aux règlements municipaux.