De nombreux poissons ont été trouvés morts sur la berge de la rivière des Prairies, à proximité de la jonction du boulevard Lévesque et de la montée Masson, à Saint-Vincent-de-Paul.
Pas le diesel
Le phénomène faisait craindre à des citoyens qu’il s’agissait d’une conséquence du déversement de diesel de l’hiver dernier, dans le ruisseau la Pinière.
Tout indique que ces poissons soient morts après avoir passé par les turbines du barrage hydroélectrique de la rivière des Prairies, confirme-t-on au ministère des Ressources naturelles et de la Faune (MRNF). «Chaque année, l’alose, qui vit en eau salée, remonte en eau douce pour frayer», explique Michel Letendre, biologiste et chef régional de l’unité de gestion des ressources naturelles et de la faune, au MRNF.
Sauvetage
Ce poisson de la famille des harengs remonte la rivière des Mille Îles jusqu’à la frayère de Carillon, ou passe par la rivière des Prairies, pour se reproduire en aval de la centrale hydroélectrique.
Cette année, le temps doux a chamboulé son calendrier de reproduction, associé à la température de l’eau. Habituellement, les bancs d’aloses qui reviennent de Carillon par la rivière des Prairies arrivent vers la fin mai et le début de juin. «Là, ils étaient une à deux semaines en avance», estime M. Letendre.
Chaque année, le MRNF travaille de concert avec Hydro-Québec, afin d’éloigner l’alose des turbines. La manœuvre a en partie échoué ce printemps.
Barrière sonore
Le sauvetage de l’alose savoureuse se fait en arrêtant les turbines le matin, quand le poisson arrive en grand nombre à la centrale, durant les deux à trois semaines de sa redescente vers le fleuve, explique Jean Caumartin, conseiller environnement à Hydro-Québec.
Une barrière sonore est alors créée sous l’eau, grâce un système d’amplificateurs et de transmetteurs de sons à haute fréquence. «La famille des harengs est la seule famille de poissons capable d’entendre les ultrasons», note M. Caumartin.
Cette barrière sonore, à l’essai depuis 2006, tient l’alose savoureuse à distance du barrage, jusqu’à ce qu’Hydro-Québec ouvre les vannes de l’évacuateur de crue, pour entraîner le poisson au sud du barrage.
Mais la manœuvre est délicate. La période de frai de l’alose savoureuse chevauche celle de l’esturgeon, dont une des frayères importantes se trouve immédiatement en aval de l’évacuateur de crue. Le moment idéal, pour ouvrir les vannes, est calculé en fonction de la maturité des larves d’esturgeon.
Malgré le calendrier chamboulé de cette année, le système s’est avéré concluant, estime M. Caumartin. «Ils nous ont devancés, mais le temps qu’on a été là, on a vu que ça fonctionne.» **********
Source: ministère des Ressources naturelles et de la Faune.