Pour prouver à tous qu’une réadaptation est possible après un accident vasculaire cérébral (AVC), Geneviève Morel parcourra, au début du mois de juin, plus de 575 kilomètres en tricycle, amassant par le fait même de l’argent pour la Fondation des maladies du cœur et de l’AVC.
Le trajet relie la Berge de la Brise, près de son domicile dans Saint-Vincent-de-Paul, à la Place du 6-mai-1950, à Rimouski, où réside son conjoint. L’aventure de 9 jours débutera officiellement le jeudi 30 mai, mais cela fait des années qu’elle s’entraîne pour y arriver.
«Je veux montrer que la paralysie n’est pas un obstacle insurmontable, mais ça prend des efforts», spécifie-t-elle.
Le choix du moyen de transport inhabituel s’avère d’une grande utilité pour la mère de 32 ans. «Je n’ai plus d’équilibre. Les roues arrière sont nécessaires pour éviter les chutes. En plus, c’est original.»
La Lavalloise devra donc rouler 70 kilomètres par jour, en suivant la route 132.
«Je vais y aller un coup de pédale à la fois.»
– Geneviève Morel
Drame
C’est en 2013, lors de la soirée de Pâques, que l’accident est survenu. «J’ai senti ma tête exploser, confie-t-elle. J’ai crié et soudain, je ne voyais plus rien. Je me suis débattu avec les ambulanciers tellement la douleur était forte.»
La paralysie du côté gauche a été immédiate. Malgré tout, elle se considère chanceuse. «Je serais morte si mon conjoint n’avait pas été là», précise-t-elle.
Enceinte de six mois, on lui a retiré sa calotte crânienne dans une opération majeure. Elle a reçu une prothèse en téflon, mais seulement plusieurs semaines plus tard, en raison de la pression que cela aurait engendré. Le mois suivant, elle mettait au monde un enfant en santé.
«Avant l’accouchement, je ressentais de la colère. Ensuite, c’était la résilience, puisque je n’avais pas le choix. Je ne dis plus jamais que je ne suis pas capable.»
La première étape était de réapprendre à marcher, à être sécuritaire. «Quand on a perdu ses capacités, on se rend compte que c’est important, avoue-t-elle. On a travaillé le côté gauche, mais il s’agit surtout d’apprendre à vivre avec une seule main.»
Elle suit maintenant un régime strict d’entraînement, avec cinq visites hebdomadaires au gymnase. Sa motivation provient des petites victoires. «Même si c’est minime, il y a quand même de l’amélioration, témoigne-t-elle. Je fais à manger, je monte des marches, j’arrive à me laver et m’habiller seule.»
Au Canada, un AVC a lieu toutes les neuf minutes. Les chances de réadaptation pour les femmes sont plus faibles. «Je suis fière de moi, de ma démarche», affirme la Lavalloise.
Support
Ayant perdu son emploi d’intervenante jeunesse, Geneviève a tout recommencé. «Je fais maintenant des conférences dans les écoles sur la persévérance», raconte-t-elle. Elle tente de faire comprendre aux jeunes ce que ça veut dire de continuer à travailler fort pour atteindre ses buts, aussi simples soient-ils. «Je leur demande souvent d’attacher leurs souliers avec une seule main, pour qu’ils comprennent un peu plus mon quotidien», d’ajouter la mère. Elle vend aussi des toiles peintes avec son bras paralysé.
Son enfant de cinq ans souhaite l’accompagner dans sa démarche. «Il veut un panier en arrière pour embarquer dans le voyage», dit-elle en riant.
Son tricycle sera fait sur mesure et fourni gratuitement par une entreprise de Repentigny, qui ajoutera des fixations aux pédales et reliera les freins avant et arrière à la poignée de droite. «Dès que je le reçois, en avril, je vais faire un tour», lance Geneviève.
Lors de l’aventure, elle sera accompagnée par son père en voiture, en plus des trois premiers et derniers kilomètres qui seront faits en groupe.
Elle souhaite amasser 20 000 $ pour la recherche. En quelques jours à peine, elle était surprise de voir le nombre de gens qui participaient à la campagne. Les donations peuvent être faites en ligne sur le site de la campagne Ma Collecte de la Fondation des maladies du cœur et de l’AVC.