En juillet, le Dr Samer Mansour et l’équipe d’hémodynamie de la Cité-de-la-Santé ont été les premiers au Canada à implanter un support coronarien (stent) biorésorbable, c’est-à-dire qui se dissout progressivement, à un patient ne faisant pas partie d’un essai clinique.
Depuis les années 1990, les médecins placent un ressort de métal pour soutenir et garder ouverte une artère du coeur qu’ils viennent de débloquer par angioplastie. Afin d’éviter la formation de caillots, cela signifie que le patient doit prendre des médicaments pour éclaircir le sang à vie.
Le stent de polylactide fait le même travail de support, mais se transforme graduellement en dyoxide de carbone et en eau. Ainsi, 18 à 24 mois après l’intervention, l’artère du patient se retrouve de nouveau libre d’implant et il n’a pas à prendre d’antiplaquettaires.
En entrevue, le Dr Mansour explique que cette nouvelle technologie pourrait être particulièrement intéressante pour les patients plus jeunes ayant une condition aiguë. «On ne veut pas mettre du métal dans une personne pour 40 ans», dit-il. Le médecin prévient cependant que la prothèse n’empêchera pas le retour d’un blocage. Le patient devra notamment modifier sa diète et son style de vie.
Outil supplémentaire
Travaillant également au Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM), le Dr Mansour note que c’est un peu le fruit du hasard si cette première implantation a eu lieu à l’établissement lavallois. «Le premier patient à avoir un blocage qui se prêtait [au nouveau support] s’est présenté à la Cité-de-la-Santé. Il s’agissait d’un blocage sévère, mais qui n’était pas calcifié et la lésion était courte. Le taux de succès était très haut avec le nouvel outil. Quand on a un nouvel outil, on ne le teste pas dans des conditions difficiles», raconte le cardiologue hémodynamicien.
Le patient, Maurice Abourmad, a accepté la proposition de son médecin. Il a reçu son congé de l’hôpital le lendemain de l’intervention et a été en convalescence durant 48 heures. Opéré en juillet, M. Abourmad va très bien, indique le Dr Mansour.
Même si le ressort biorésorbable a des avantages, le Dr Mansour estime que le stent de métal continuera d’être utilisé, notamment parce qu’il coûte moins cher et que la nouvelle technologie est plus fragile au moment de l’installer.
«Maintenant, nous avons un outil de plus dans l’arsenal thérapeutique, souligne-t-il. C’est un changement considérable dans la vision de la maladie.» Auparavant, les médecins se limitaient à vérifier si le stent de métal répondait bien à la situation, maintenant ils pourront ajouter une option à leur analyse, fait observer le Dr Mansour.
Le nouveau support commercialisé par la société Abbott a été approuvé récemment par Santé Canada. Il avait déjà reçu l’approbation de l’Union européenne en janvier 2011.