Noël 2011 sera placé sous le signe de la découverte pour la famille Arthus, d’origine haïtienne, arrivée au Canada en mai dernier. Et même si les quatre résidents de Vimont seront bien loin de leur terre natale, ils vivront le temps des fêtes en famille, puisque plusieurs des membres de leur grande fraterie demeurent sur le territoire.
«J’ai deux sœurs qui habitent Laval depuis six ans et ma mère aussi est ici», précise Emmanuel Fils Arthus, le père de famille.
Cette proximité n’est pas un hasard. Comme de nombreux Port-au-Princiens, la famille Arthus a vu sa vie chamboulée après le séisme du 12 janvier 2010. «Nous avons tout perdu. Notre appartement a complètement disparu, mais heureusement, nous n’avons pas eu de perte humaine», réalise l’enseignant en communication.
Arrivée
À peine une semaine après la catastrophe, la famille part pour les Gonaïves, leur commune d’origine.
Mais rapidement, la situation s’avère compliquée. «Les déplacements étaient difficiles et il n’y avait pas d’école ou de centre pouvant accueillir Medjina [atteinte d’ostéogenèse distrophie].»
À l’été 2010, une des sœurs de M. Arthus entame les démarches dans le cadre du regroupement familial. «Ça a pris un an, mais ici, ma fille va pouvoir être suivie et on espère une progression au niveau de sa santé.»
Nouveauté
Conscient des défis d’intégration, le père de famille affirme que le réveillon sera teinté de mixité, qui débutera dans l’assiette.
Au menu: bananes, viande, marinade, bouillon, pickliz. «Mais on va quand même faire un pot-pourri avec des mets québécois. Ce sera un Noël d’observation et d’apprentissage pour se familiariser avec les coutumes.»
Et une volonté rejoint petits et grands: passer un Noël blanc. «On n’a jamais passé les fêtes sous la neige.»
Noël en Haïti
Quand on évoque les valeurs du temps des fêtes, M. Arthus ne peut s’empêcher de raconter son pays.
«Les préparatifs débutent généralement après le 2 novembre, la fête des morts. La ville est très décorée, les magasins commencent à avoir des cadeaux et on commence à faire des économies», dit-il avec le sourire.
Après des jours de préréveillon chez amis et voisins, le jour J se déroule généralement en famille. «On fait d’abord une courte réunion de famille pour voir ensemble les points positifs et négatifs de l’année, puis après, on fait le repas, les cadeaux et une petite sortie.»
Venu d’un pays très croyant, Emmanuel Fils Arthus ne peut conclure l’entrevue sans fredonner un refrain, repris dans de nombreuses églises catholiques, symbole de l’importance de cette célébration. «Nowèl se chak jou sou latè, Nowèl se lè youn renmen lòt se kè kontan, Kè Poze, Viv Nowèl, Viv Nowèl», soit «Noël, c’est chaque jour sur la Terre, Noël, s’aimer l’un et l’autre, avec le cœur en joie et en paix. Vive Noël, vive Noël!»