Le commissaire à la déontologie policière a décrété 18 jours de suspension pour l’agent Michaël Boutin, jugeant qu’il a présenté un faux rapport, injurié et posé des actes basés sur la couleur de peau d’un citoyen lavallois, Pradel Content.
Dévoilée le jeudi 13 janvier, la décision dénonçant le profilage racial par cet agent du Service de police de Laval (SPL) a été rendue le 7 janvier précédent par le commissaire Pierre Gagné après une audience tenue le 20 décembre dernier.
«Je ne suis pas content de cette décision et peine à comprendre le processus judiciaire derrière celle-ci, car tout ce qu’un officier de police peut faire comme tort, cet agent l’a fait», a réagi Pradel Content, aux côtés de Fo Niemi, directeur général du Centre de recherche-action sur les relations raciales (CRARR).
Le citoyen lavallois ne comprend pas que la suspension ait été réduite de quelque 80 jours d’abord envisagés, ce qu’il jugeait approprié et dissuasif pour tout futur comportement de la part d’un policier, et les 18 jours finalement imposés.
«Le Comité conclut que le témoignage de l’agent (…) devant le Comité n’était pas honnête en ce qu’il a voulu induire le Comité en erreur par ses affirmations non conformes à la vidéo de surveillance.»
– Extrait du jugement du Comité de déontologie policière
Réponse policière
Du côté du Service de Police de Laval, on prend acte de la décision sur sanction rendue par le Comité de déontologie policière dans ce dossier.
«Nous tenons à souligner l’indépendance et l’importance de la déontologie au sein de la fonction policière, affirme le SPL dans sa réponse officielle. Nous fournirons notre pleine et entière collaboration dans l’application des sanctions. Le SPL ne tolère aucune forme de discrimination. L’intégrité, le respect et la diversité sont au cœur des valeurs de notre Service et guident nos actions quotidiennes et notre engagement continu envers la communauté lavalloise.»
Les faits
Rappelons qu’en décembre 2020, le <@Ri>Courrier Laval<@$p> avait déjà publié un premier article sur les démêlés de Pradel Content avec des policiers du SPL.
Cette fois, l’affaire en cause fait suite à une arrestation musclée survenue en mai 2017 dans une station-service située sur le boulevard des Laurentides
À ce moment, Pradel Content avait filmé une voiture de police qui le suivait en plein jour.
L’un homme noir handicapé avait ensuite été menotté et insulté par un policier qui lui a dit qu’il devait être heureux d’être au Québec plutôt qu’aux États-Unis, arguant «because they shoot people like you there».
Ce policier avait ensuite effacé l’enregistrement vidéo capté par le téléphone cellulaire de M. Content, en lui remettant une contravention pour avoir utilisé son téléphone en conduisant; alors que ce dernier avait filmé une fois sorti de son véhicule, appuyé sur sa canne.
Toutefois, l’intervention avait été captée sur vidéo par la caméra de la station-service, ce qui a permis à M. Content d’avoir gain de cause dans les plaintes déposées en son nom par le CRARR.
Autres recours
Soulignons aussi qu’en octobre 2020, la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse lui avait donné raison, proposant que la Ville de Laval et le policier lui versent 24 000$ en dommages.
L’affaire est actuellement toujours devant le Tribunal des droits de la personne.
En novembre 2021, le Comité a également conclu que le policier avait commis des actes de profilage racial, d’arrestation illégale, d’abus d’autorité et de manque de probité.
Le Comité a été particulièrement sévère quant à la soumission par le policier, deux mois après l’incident, d’un rapport qu’il savait faux et inexact et qui associait M. Content à des de gangs de rue.
Dans sa décision, le Comité reproche avec fermeté au policier ses actes et propos injurieux fondés sur la race, d’avoir projeté au sol le téléphone cellulaire de M. Content alors qu’il filmait l’intervention policière, d’avoir illégalement effacé sa vidéo, de l’avoir arrêté illégalement et d’avoir présenté un faux rapport d’incident.