2023 marque le cinquième anniversaire de la création d’une trame musicale dédiée aux victimes de la tragédie de Polytechnique, projet mené par la Table de concertation de Laval en condition féminine (TCLCF), en collaboration avec la Ville de Laval.
Dans une perspective plus large, la Table semble rendre hommage à toutes les femmes victimes de violences lors de cette commémoration.
Pour ce faire, l’œuvre Lux Aeterna d’Estelle Lemire a commencé à résonner dans le carillon de l’horloge de la place Claude-Léveillée tous les jours, vers 12h30, depuis le 25 novembre, et ce, jusqu’au 6 décembre.
Le mercredi 6 décembre, la musique se fera entendre une fois de plus vers 16h30, heure de la tragédie de Polytechnique survenue le 6 décembre 1989.
Aucun rassemblement public n’aura lieu cette année pour des raisons de sécurité.
«Quand on fait des commémorations comme ça, on se met toujours aussi un peu en danger, soulève Marie-Ève Surprenant, présidente de la TCLCF. [En 2019], il y a eu un événement antiféministe. […] On a réalisé qu’être féministe et commémorer Polytechnique, ça continue à susciter la haine de certains hommes et que faire des vigiles et commémorations, ça demeure risqué.»
Un événement privé sera tout de même organisé par la Table où les invités seront conviés sur invitation.
12 jours d’action
Cette commémoration s’inscrit dans les 12 jours d’action contre les violences faites aux femmes, une initiative nationale coordonnée par la Fédération des femmes du Québec (FFQ) depuis 2008.
«Cette année, la thématique est Précarité genrée, violence ignorée, indique la présidente de la TCLCF. Ça traite des violences économiques et de la pauvreté comme formes de violences envers les femmes, qui sont peu reconnues et dénoncées. Ça s’inscrit dans le cadre du contexte économique qu’on vit tous et toutes en ce moment, d’inflation grimpante avec les salaires qui peinent à suivre et la crise du logement.»
Dans la foulée des grèves qui se multiplient présentement, la thématique semble encore plus adaptée. 78% des travailleurs et travailleuses représenté.e.s par le Front commun sont des femmes.
«Beaucoup de femmes subissent les contrecoups des inégalités sociales qui s’accroissent, mais sont beaucoup plus démunies, car elles sont encore plus marginalisées, exclues et fragilisées, complète Marie-Ève Surprenant. C’est un terreau fertile pour les violences et les abus.»