Le projet d’inversion d’un tronçon pipelinier traversant la zone agricole dans l’est de l’île Jésus et les rivières des Mille Îles et des Prairies n’inquiète aucunement le maire de Laval, Alexandre Duplessis.
Essentiellement, Enbridge veut inverser le sens d’écoulement du pétrole brut des sables bitumineux de l’Ouest vers Montréal et accroître la capacité de la canalisation 9 pour la faire passer de 240 000 à 300 000 barils par jour, au moyen d’un agent réducteur de résistance.
Le 4 avril, le maire de Laval accueillait le directeur des affaires publiques de la pétrolière Enbridge pour l’est du Canada, venu lui exposer les grandes lignes du projet soumis aux audiences publiques de l’Office national de l’énergie.
Une rencontre d’une vingtaine de minutes, où il a notamment été question des plans d’intervention, d’inspection, d’entretien et de mise aux normes de l’oléoduc reliant depuis 40 ans North Westover, en Ontario, à Montréal.
«Je suis entièrement satisfait des informations que j’ai reçues», a expliqué le maire Duplessis, précisant que l’exercice permettrait d’augmenter le débit du flux sans impact significatif sur la pression à l’intérieur du pipeline.
Cela dit, la pétrolière n’offre aucune garantie particulière aux municipalités en cas de déversement, reconnaît le maire.
Enfin, bien que le représentant d’Enbridge ne lui ait pas chiffré les retombées économiques que générerait au Québec l’inversion de la Ligne 9, la perspective de faire circuler dans l’oléoduc le pétrole extrait des sables bitumineux de l’Ouest canadien profiterait à l’industrie du raffinage, basée à St-Romuald et Montréal-Est, soutient Alexandre Duplessis.
L’exemple d’Arkansas
Au Conseil régional de l’environnement de Laval, Guy Garand n’affiche pas le même optimisme.
Il évoque la rupture, il y a deux semaines, d’un pipeline d’ExxonMobil en Arkansas, qui a provoqué le déversement de milliers de barils de pétrole dans un quartier résidentiel.
«C’est la même affaire; on avait procédé à l’inversion du flux», affirme M. Garand, ajoutant que le projet de la pétrolière Enbridge augmenterait la pression dans l’oléoduc traversant la région.
«Un bris de tuyau risquerait d’affecter combien d’usines d’eau potable qui s’approvisionnent à même les rivières [des Outaouais, des Mille Îles et des Prairies]?» questionne le directeur général du CRE.
Loi sur le développement durable
Déplorant les règles de sélection des participants et le manque de transparence des audiences publiques de l’Office national de l’énergie chargé d’étudier la demande d’Enbridge, Guy Garand interpelle Québec afin qu’il intervienne en vertu de la Loi sur le développement durable.
Citant les 16 principes énumérés à l’article 6 de cette loi, l’environnementaliste lavallois estime qu’il est du devoir du gouvernement de déclencher parallèlement son propre bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE), en lien avec ce projet.