La vente de produits complémentaires et l’offre d’un service personnalisé permettraient aux petits commerces de tirer leur épingle du jeu malgré la concurrence des grands magasins comme Walmart, selon une étude de la Faculté d’aménagement, d’architecture, d’art et de design de l’Université Laval.
Le professeur Jean Dubé et Ismaëlh Ahmed Cissé, diplômé du doctorat à l’École supérieure d’aménagement du territoire et de développement régional, ont étudié comment ces mégadétaillants influencent l’activité économique dans les régions.
L’originalité de leur recherche est qu’elle se concentre surtout sur les nouveaux joueurs.
Leur analyse a montré que l’arrivée d’un Walmart, contrairement à ce que l’on pourrait penser, réduit le risque de fermeture des nouveaux et petits commerces de détail.
«Une de nos hypothèses est que, s’ils veulent survivre, ils ont avantage à se distancer de ce que le gros joueur peut offrir parce qu’ils ne seront jamais capables de compétitionner sur tout ce qui s’appelle prix, disponibilité et plein d’autres variables», explique Jean Dubé, par voie de communiqué.
Avantages
Si le nouveau commerce de détail peut difficilement concurrencer un géant comme Walmart, il peut fidéliser sa clientèle en offrant quelque chose que n’a pas le mégadétaillant. Par exemple, le service personnalisé et un meilleur suivi chez les petits détaillants font probablement en sorte qu’ils survivent plus longtemps.
Ismaëlh Ahmed Cissé, aujourd’hui économiste à Revenu Québec, souligne que le résultat est contre-intuitif par rapport à la littérature.
«Quand Walmart arrive quelque part, il fait plutôt des dégâts, précise-t-il, dans la même communication aux médias. Mais avec les nouvelles entreprises, on voit qu’elles sont capables de s’adapter. L’arrivée d’un géant force les entrepreneuses et les entrepreneurs à définir les meilleures stratégies pour faire leur place dans le marché.»
Les deux chercheurs attribuent une partie de cette performance aux efforts du propriétaire.
Selon le doctorant, le résultat de la recherche confirme l’importance de l’entrepreneuriat local et de sa capacité à s’ajuster à de nouvelles situations par la résilience et la capacité à tirer profit des occasions.
Méthodologie
Pour arriver à ces conclusions, ils ont analysé des données de 1999 à 2007 pour plus de 680 entreprises, réparties entre 4 villes québécoises de taille moyenne.
Deux d’entre elles, Rimouski et Salaberry-de-Valleyfield, avaient un Walmart sur leur territoire. Les deux autres municipalités, La Pocatière et Sorel-Tracy, n’en avaient pas.
Ces données, provenant principalement du Registraire des entreprises du Québec, comprenaient la localisation, la date d’ouverture, le secteur d’activité et le nombre d’employé.e.s. (C.P./IJL)