Les propriétaires de PME qui déclarent faire plus d’heures en raison des pénuries de main-d’œuvre travaillent en moyenne 59 heures par semaine, soit l’équivalent de 8 journées de 7 heures et demi.
Voilà ce qui ressort d’un rapport de recherche publié aujourd’hui par la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI).
«C’est beaucoup de temps que les propriétaires de PME pourraient consacrer à d’autres priorités, comme la croissance de leur entreprise ou la recherche d’information sur des programmes gouvernementaux», affirme Laure-Anna Bomal, économiste à la FCEI et coauteure du rapport.
Par voie de communiqué, elle ajoute que «l’incidence des pénuries se fait aussi ressentir à l’extérieur du travail» alors que «de nombreux propriétaires obligés de faire des heures supplémentaires n’ont pas de temps pour leurs proches, ce qui peut nuire à leur santé mentale et à leur bien-être».
6 PME sur 10
Le pourcentage des PME affectées par le manque de travailleurs au pays a crû de quatre points entre novembre 2021 et septembre 2022, passant de 55 à 59 %, révèle le rapport de la FCEI. Des 10 provinces canadiennes, c’est le Québec qui est la plus touchée avec les deux tiers (66 %) de ses petites et moyennes entreprises.
Outre les propriétaires et les employés qui doivent en faire davantage pour compenser le manque de personnel, ces pénuries ont contraint près de la moitié de ces PME à refuser des ventes et des contrats (48 %) ou à réduire leur offre de services (47 %).
«Au lieu d’être le capitaine du navire, celui qui assure la bonne direction et la navigation, le propriétaire d’une entreprise qui manque de personnel est pris à ramer», illustre le vice-président à la FCEI, François Vincent. Ce dernier ajoute que «les longues journées et les heures supplémentaires peuvent également affecter les employés et miner le moral de l’équipe».
Sans surprise, l’hébergement et la restauration représentent le secteur le plus affecté alors que 84 % des propriétaires de PME disent multiplier les heures pour compenser le manque d’effectifs. Les agriculteurs suivent à 82 %.
Des solutions
M. Vincent en appelle aux gouvernements fédéral et provinciaux d’instaurer «des mesures ciblées comme la réduction du fardeau fiscal des propriétaires de PME pour leur permettre d’investir dans la rémunération des employés, la formation et l’automatisation».
Il leur suggère ailleurs de simplifier leurs processus d’immigration et de réduire la paperasserie, ce qui contribuerait en partie à pallier le problème de recrutement et à dégager du temps aux entrepreneurs.
Postes vacants à Laval
Au dernier trimestre 2022, Statistique Canada évaluait à 9875 le nombre de postes vacants à Laval.
Pour mettre les choses en perspective, ces postes dits orphelins étaient en diminution de 15 % par rapport à l’enquête menée 12 mois plus tôt par l’agence fédérale, qui chiffrait alors à 11 620 les postes non comblés à Laval.
Pour la même période, on observe une baisse de 12 % à l’échelle du Québec, les postes à pourvoir ayant passé de 245 500 à 216 695 entre le 4e trimestre 2021 et 2022.