Le débat sur l’avenir des terrains de golf qui retient l’attention dans le Grand Montréal depuis quelques mois s’invite à la séance du conseil municipal de juillet, à Laval.
Cette semaine, les élus lavallois auront à voter sur une proposition d’appui aux maires de Terrebonne, Mascouche et Candiac qui demandent à Québec des outils supplémentaires visant à permettre aux Municipalités de mieux encadrer et revaloriser ces grands espaces verts.
En mars dernier, les maires Marc-André Plante (Terrebonne), Guillaume Tremblay (Mascouche) et Normand Dyotte (Candiac) faisaient front commun, réclamant que soit réformée à brève échéance la Loi sur l’expropriation. Faut-il préciser que tous trois tentent désespérément de préserver au cœur de leur municipalité d’anciens terrains de golf visés par un développement à haute densité.
Essentiellement, ils veulent que «le calcul des indemnités versées aux propriétaires [à exproprier] soit basé sur la juste valeur marchande, afin d’assurer une prévisibilité budgétaire pour la partie expropriante».
Actuellement, les indemnités payables pour ces espaces verts fixées en vertu de la loi restreignent les différentes options qui s’offrent aux Villes autant en matière d’acquisition que de conservation, déplorent-ils.
Enjeu métropolitain
Lors d’un webinaire portant sur la requalification des terrains de golf tenu ce printemps, le maire Plante rappelait la ferme et unanime volonté des élus de Terrebonne d’acquérir et préserver les sept millions de pieds carrés d’espace vert du défunt club de golf du Boisé. Trois résolutions ont été adoptées en ce sens ces quatre dernières années.
Initiée par la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), cette rencontre en visioconférence s’inscrivait dans le cadre des rendez-vous qui réunissent aux deux ans la société civile et les élus du Grand Montréal pour faire le suivi de l’évolution du Plan métropolitain d’aménagement et de développement (PMAD) dont la CMM accouchait il y a 10 ans.
Mine de rien, la perte de popularité du golf a entraîné en l’espace d’une dizaine d’années la fermeture de 12 clubs sur le territoire de la CMM, soit 1 terrain sur 5. À ce jour, Laval est le seul des 5 grands secteurs géographiques du territoire à n’avoir connu aucune fermeture de terrain de golf depuis 2010 (voir autre texte).
Toujours selon la CMM, 573 hectares de ces grands espaces verts ont disparu en 10 ans. C’est l’équivalent de plus d’un millier de terrains de football, voire trois fois la superficie du parc du Mont-Royal.
«Les municipalités doivent avoir les moyens de réaliser des interventions sur ces terrains afin de répondre aux objectifs que s’est donnés la région métropolitaine en matière de développement urbain durable, de remise en état de milieux naturels et de reboisement», fait valoir le maire de Mascouche et préfet de la MRC Les Moulin, Guillaume Tremblay. Il soutient que la requalification de terrains de golf en espaces verts contribuerait à l’atteinte des objectifs du PMAD, dont la cible de 30 % de couvert forestier pour 2031.
Même son de cloche du côté du maire de Terrebonne, qui relève la pression constante venant des promoteurs et spéculateurs. «Nous comptons multiplier les actions afin de sensibiliser les différentes instances gouvernementales et municipales à notre réalité», assure M. Plante, soulignant l’appui de l’Union des municipalités du Québec (UMQ) et de la CMM de même que l’ouverture démontrée par la ministre des Affaires municipales et de l’Habitation, Andrée Laforest.
Avis de proposition
Déposé le mois dernier par le conseiller municipal de Saint-Bruno, David de Cotis, l’avis de proposition dont les élus débattront cette semaine est à l’effet d’ajouter le poids de Laval aux revendications des trois municipalités précitées. D’éventuelles modifications à la Loi sur l’expropriation ou le déploiement de nouvelles mesures permettraient ainsi «à la Ville de Laval d’acquérir, en tout ou en parties, à des fins de parcs et espaces verts les terrains de golf sur son territoire», plaide-t-il tout en rappelant que «plusieurs terrains de golf sur l’île Jésus sont la convoitise des promoteurs immobiliers».
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