Depuis le début de la pandémie, de nombreux travailleurs de la santé ont été délestés de leur branche habituelle pour être assignés à de nouvelles tâches. Les psychoéducateurs du Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de Laval y font exception et ont continué d’œuvrer dans l’ombre.
Le travail de ceux-ci est d’évaluer le comportement des usagers qui présentent un trouble neurocognitif majeur, tel que la maladie de l’Alzheimer, et tenter de leur créer un «filet de sécurité» pour leur bien-être.
Ils aident également les proches aidants de ces personnes qui peuvent trouver la situation encore plus difficile dans le contexte actuel de pandémie de la COVID-19.
«Du jour au lendemain, les usagers n’ont plus accès à certains services de répit, mentionne Natacha Aubé, psychoéducatrice au Programme régional ambulatoire de gériatrie du CISSS de Laval. Ils se retrouvent à la maison 24 heures sur 24 avec leur conjoint. Ça ne paraît pas gros, mais ce moment, ça leur permettait de se vider la tête et de penser à autre chose.»
Initiatives
L’équipe de psychoéducateurs du CISSS de Laval a mis en place différentes initiatives pour permettre aux usagers et proches aidants de s’en sortir malgré les nouvelles réalités de la pandémie.
«On a beaucoup travaillé sur l’enseignement par rapport à la maladie et l’évolution de celle-ci en compagnie des proches aidants, poursuit Mme Aubé. On avait déjà commencé à travailler sur une collection de dépliants qui présentait différents comportements.»
Celle-ci permet de mieux comprendre les causes possibles d’un comportement, tout en suggérant des pistes d’intervention et stratégies de base à essayer avec l’usager. Cette collection de dépliants est disponible, que ce soit en version électronique ou papier.
Les psychoéducateurs lavallois ont aussi travaillé sur la création d’une banque d’activités occupationnelles pour les usagers.
«Les routines peuvent être sécurisantes dans une période où tout est insécure en raison de la COVID-19, précise Natacha Aubé. On a envoyé la banque aux familles pour qu’elles puissent les divertir et stimuler. Par exemple, si quelqu’un aime les activités physiques, une liste d’exercices en capsules sur YouTube est proposée.»
Formation
En plus de ces nouvelles initiatives, l’équipe de psychoéducateurs du CISSS de Laval continue de faire des suivis réguliers auprès des familles pour s’assurer d’être informée des derniers développements.
Un programme de formation pour les proches aidants a aussi été mis en place pour les usagers qui reçoivent un diagnostic de trouble neurocognitif. À l’inverse des groupes de soutien déjà existants, celui-ci porte davantage sur ce qu’est la maladie et les outils à la disposition des proches aidants.
«Certains vont recevoir un diagnostic sans nécessairement vivre déjà les comportements, donc les familles préfèrent attendre avant de suivre la formation offerte par le CISSS de Laval, note la psychoéducatrice. Nous proposons donc plutôt quatre rencontres de deux heures dans lesquelles on repasse les dépliants offerts et on les oriente vers différentes ressources.»
Ces rencontres se déroulent désormais via une plateforme virtuelle en raison de la pandémie.
Par ailleurs, cette équipe du CISSS de Laval ont récemment profité des Journées de la psychoéducation, en février, pour rappeler de ne pas hésiter à demander de l’aide aux ressources appropriées.
«Il y a souvent une petite résistance à demander de l’aide à cause de la peur d’être relocalisé, mais nous travaillons plutôt pour assurer le maintien à domicile le plus longtemps possible, conclut Mme Aubé. Certains sont tellement résistants qu’ils atteignent un point de fatigue par la suite. Avant d’être rendu là, il faut accepter de l’aide.»