Dans un contexte où les jeunes sont devenus des créateurs de contenu sur l’Internet, deux conseillers pédagogiques de la Commission scolaire de Laval (CSDL) ont mis sur pied une plateforme web intitulée identité numérique.
Bâtie sur une approche positive, l’objectif est de développer le jugement critique des élèves face à une utilisation éthique des médias sociaux.
Maryse Rancourt et Patrick Fleury, les deux auteurs du projet, ont conçu le site sur le curriculum du cours d’Éthique et culture religieuse (ECR) pour qu’il y soit inséré facilement. Il sera en instauration progressive dans les classes de la CSDL.
«Si nous ne faisions pas ça, personne n’aurait repris le projet dans les écoles», concèdent-ils.
Certains enseignants craignent le domaine des technologies parce qu’ils ne les maîtrisent pas. «Pour le professeur, c’est vraiment un procédé clé en main, ajoutent les deux concepteurs. […] Ils n’ont pas donc besoin d’être des experts.»
«À notre avis, une identité numérique positive se bâtit chez nos élèves à la suite d’une prise de conscience et un cheminement éthique qui émanent d’eux.»
– Maryse Rancourt
Conception
Pour l’instant, la plateforme s’adresse aux élèves de 5e et 6e année du primaire et ceux du secondaire. Douze capsules sont disponibles, touchant des sujets tels que les algorithmes, influenceurs, l’influence des autres et l’identité numérique.
«Toutes les capsules commencent avec une vidéo, expliquent les deux conseillers. C’est l’élément déclencheur. Ensuite, l’enseignant amorce la conversation.» Des questions sont disponibles pour l’alimenter.
Ils admettent que plus souvent qu’autrement la discussion ne prend pas la direction anticipé. «Nous avons été surpris par des réflexions, complètent-ils. Ça va beaucoup plus loin qu’on pensait. Les jeunes font sortir des enjeux qu’on n’avait pas prévus au départ.»
Il s’agit donc d’un programme en trois phases, où le professeur amène la discussion et où les élèves l’alimentent ensemble. Finalement, par lui-même, l’étudiant est amené à intégrer le contenu des échanges. «Au lieu de leur dire ce qui est bon ou pas, nous voulons les faire réfléchir pour qu’ils se forgent leur propre opinion», poursuit Maryse Rancourt.
La conseillère pédagogique a conçu le site Internet durant l’été, désirant le rendre attrayant. «Nous voulions que les jeunes s’identifient autant aux acteurs des capsules qu’au site», complète-t-elle.
Approche
Lors des séances, le professeur devient en quelque sorte un accompagnateur. «Comme l’enseignant ne porte aucun jugement, les élèves ont le goût de lever la main et donner leur avis», continue Maryse Rancourt.
Cette approche positive basée sur la discussion ne dit pas à l’élève quoi penser ou quoi faire.
«C’est là qu’on voit qu’on est dans la bonne démarche, parce qu’on laisse la place aux étudiants et ils nous parlent de ce dont ils ont envie», ajoute-t-elle.
Le concept n’est pas construit sur une application, mais sur l’ensemble des médias sociaux. Il est donc transposable à toutes les réalités.
Futur
Le projet a été repris par le ministère de l’Éducation avec comme but de le rendre accessible dans ses différents établissements. «Plusieurs personnes de l’extérieur [de la CSDL] nous ont approchés pour y contribuer», mentionne Maryse Rancourt.
Déjà quelques changements ont été effectués dont l’ajout d’un blogue. Les conseillers planchent présentement sur un possible onglet parent.
«Il y a vraiment plein de possibilités pour la suite. Pour nous, c’est notre bébé, on y croit», conclut la conseillère.