L’organisme Travail de rue île de Laval (TRÎL) a causé la surprise en présentant son nouveau logo lors d’une soirée pour fêter son 25e anniversaire de fondation, le jeudi 16 novembre.
La soirée accueillait employés, bénéficiaires et bailleurs de fonds au pavillon du Parc de la Rivière-des-Mille-Îles.
Depuis 1998, l’organisme sillonne les rues de la ville pour venir en aide aux jeunes de 12 à 21 ans dans diverses problématiques.
Aujourd’hui, 13 intervenants et travailleurs de rue couvrent tous les quartiers de la ville.
Basé sur le boulevard de la Concorde, à Pont-Viau, le TRÎL, c’est aussi une station des jeunes pour soutenir ceux qui tergiversent entre le logement et la rue. L’organisme organise aussi plusieurs projets et activités qui visent des enjeux plus précis comme la dépendance.
Une fleur
«Après 25 ans, je pense qu’on a une maturité comme organisme», soutient le directeur depuis 5 ans, Denis LaRue-Fréchette.
Membre de l’organisme depuis 18 ans, Denis LaRue-Fréchette croit que le TRÎL est en quelque sorte sorti de l’adolescence. Maintenant pris au sérieux par différents milieux comme les écoles, le TRÎL a décidé de faire peau neuve en délaissant son logo d’origine dessiné à la main.
Il représente une fleur qui émerge du béton pour montrer la résilience des jeunes. L’idée de la fleur vient du jeu de mot avec le trille blanc, plante herbacée qui pousse à Laval à l’ombre des grands arbres. Il faut compter près de 10 ans pour qu’un trille produise une première fleur.
Dans la rue
Au cours des deux décennies, l’organisme a offert un éventail de services en se rapprochant des groupes marginalisés qui n’étaient rejoints d’aucune autre façon. «On essaye de mettre un filet de sécurité autour des jeunes, explique Denis LaRue-Fréchette. On n’impose pas notre intervention, on se fait connaitre, on parle de nos services.»
À l’origine, l’organisme est arrivé avec une approche nouvelle: la réduction des méfaits. Ça correspond à l’atténuation des effets négatifs de la consommation sans coercition. À l’époque, ça lui a valu des réticences auprès d’autres institutions qui néanmoins les toléraient.
Les travailleurs de rue se promènent maintenant avec des trousses de naloxone et de l’équipement propre.
Une partie de l’approche est préventive. «Les trois-quarts des jeunes qu’on rencontre n’ont pas encore de problème». Les jeunes dans ce «moment charnière» ont naturellement des questions
identitaires, des conflits avec leurs parents, amis ou encore dans leurs relations amoureuses. «C’est important de montrer qu’on les écoute».
La création de projets fait partie des actions préventives. Gamer de Rue a rejoint les jeunes en ligne, surtout pendant la pandémie. Les jeux de mon quartier permettent de rassembler les jeunes autour de la pratique sportive lors de tournois. «Avant, on était beaucoup dans l’accompagnement et l’intervention et on s’est rendu compte qu’en amenant les jeunes à une activité, la moitié des problèmes s’essoufflait», de préciser Denis LaRue-Fréchette.
La collaboration est aujourd’hui plus facile avec les écoles et les cliniques, «parce qu’on a des petits trucs avec les plus vulnérables et les plus réfractaires», souligne le directeur.
Époque de toutes les crises
Crise du logement, des opioïdes, gang de rue, guerre à l’étranger – l’actualité est au cœur des enjeux des jeunes et les défis sont tout aussi présents qu’avant.
Si la crise des opioïdes épargne encore Laval, la crise du logement non. «Ça nous a frappés de plein fouet. Même si on crée de plus en plus de ressources, de refuges, la situation est exponentielle. […] On les garde dans des hébergements et refuges qui ne correspondent pas à leurs besoins, tout ça parce qu’on ne veut pas les remettre dans la rue», raconte M. LaRue-Fréchette.
L’organisme doit redoubler d’ardeur pour trouver des solutions. Les logements abordables sont rares et même les banques alimentaires rencontrent des difficultés. «Souvent, on conseille à des jeunes de rester dans des logements insalubres» à la place d’être dans la rue.
Le plus gros changement pour l’organisme est la clientèle et plus encore avec la diversification des moyens de la rejoindre. Il y a notamment beaucoup de membres issus de l’immigration qui vivent des situations différentes, notamment avec les tensions religieuses.
Comme projet, le TRIL désire créer un point de service dans l’ouest qui est moins desservi. L’organisme voudrait aussi se rapprocher des anglophones et allophones avec une offre qui leur est adaptée.
Le plus grand défi demeure toujours le financement qui demande beaucoup d’énergie à obtenir. Le directeur souhaiterait du financement récurrent, en assurant être «très efficace avec chaque sou qu’on reçoit».