Il suffit de se rendre sur l’île Paton pour réaliser l’ampleur de la grogne qui y règne.
Les personnes interrogées sont unanimes: selon elles, les avions qui décollent de l’aéroport Montréal-Trudeau, très tôt le matin, sont devenus de véritables plaies. «J’ai quitté l’arrondissement de Saint-Laurent et me suis installée ici pour obtenir de la tranquillité, mais, depuis quelque temps, le bruit est devenu intolérable, relate Yvette Drolet, qui habite l’île depuis près de 14 ans. Je dois maintenant dormir avec des bouchons dans les oreilles pour espérer bénéficier d’une nuit complète.» «Le pire, c’est à partir de 5h du matin, lance quant à elle Sylvie Laroche, propriétaire d’un condo. J’ai souvent l’impression que l’avion décolle du toit de mon édifice.»
Il apert que cette situation sur l’île Paton soit provoquée par l’instauration d’un système de pistes préférentielles pour les opérations entre 23h et 7h, une mesure qui visait initialement à diminuer les impacts sonores pour les résidents de l’île de Montréal. «Quand les vents le permettent, une vingtaine d’avions de moins de 45 000 kg doivent emprunter un corridor qui passe au-dessus de l’autoroute 13, explique Christiane Beaulieu, vice-présidente aux affaires publiques à l’aéroport Montréal-Trudeau. Ce n’est qu’à partir de 6h que quelques gros transporteurs empruntent ensuite le même corridor.»
Pétition
Instigatrice d’une pétition qui s’apprête à circuler au cours des prochains jours, Marielle Dufour estime que cette décision de l’aéroport Montréal-Trudeau s’est faite aux dépends des habitants l’île Paton.
«À partir de très tôt le matin, on compte environ un avion aux cinq minutes, jure-t-elle. Ce roulement est devenu l’enfer depuis le printemps, environ. Nous habitons sur une piste de décollage.» À l’aéroport Montréal-Trudeau, un comité sur la gestion du climat sonore se penche régulièrement sur la question du bruit. Des représentants de Pointe-Claire, Dorval, l’arrondissement de Saint-Laurent et Montréal siègent sur le comité, mais personne de Laval. «Nous n’avons plus le choix de nous tourner vers une solution d’ordre politique, avance André Paradis, des Terrasses Paton. Mais jusqu’à maintenant, nous n’avons reçu aucune réponse, même pas l’administration municipale.»
Appelé à livrer son avis sur la question, Gilles Vaillancourt, maire de Laval, a confié avoir établi quelques contacts avec la direction générale de l’aéroport, et qu’une révision des corridors aériens était demandée par Ville de Laval. «Nous avons effectivement reçu une lettre du maire», confirme Christiane Beaulieu.
Tentative d’amélioration
Admettant que des avions dévient parfois de leur trajectoire et se retrouvent au-dessus de résidences plutôt que de l’autoroute 13, l’administration de l’aéroport affirme mener des études pour changer la situation.
«L’objectif est que les avions atteignent plus rapidement l’autoroute 13, avance Mme Beaulieu. Dans les pires cas, certains avions se rendent jusqu’à l’autoroute 15, et reviennent sur la 13. Des représentants de compagnies aériennes sont à effectuer des tests par simulateurs pour régler la problématique.
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