L’Ordre des médecins vétérinaires du Québec est indigné à la suite de la publication du projet de loi sur les agronomes annoncé en grande pompe par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) et l’Ordre des agronomes le 1er juin.
Le projet de loi réserve aux agronomes les activités professionnelles en lien avec la régie des élevages et la nutrition animale. « Un non-sens des plus évident » déclare l’Ordre des médecins vétérinaires du Québec dans une communication aux médias.
« La santé et le bien-être des animaux d’élevage, c’est aussi le rôle des médecins vétérinaires, indique le président de l’Ordre, le Dr Gaston Rioux, par voie de communiqué. Que le MAPAQ et l’Ordre des agronomes ne reconnaissent pas l’importance du volet médical en matière de nutrition animale et de régie des élevages soulève de sérieuses questions sur leur légitimité et leur compétence à légiférer dans ce domaine. Le projet de loi, tel que libellé, sème la confusion en regard des activités professionnelles réservées aux agronomes. En plus de porter préjudice aux médecins vétérinaires dans le libre exercice de leur profession, il met à risque la santé et le bien-être animal et même la santé publique. »
Confusion possible
Si la loi est adoptée sans modification, les agronomes se verront réserver l’évaluation des besoins nutritionnels d’un animal (d’élevage ou de compagnie), l’élaboration d’un programme d’amélioration génétique, la détermination de méthodes de traitement préventif d’un élevage et l’évaluation de son état.
« Certaines de ces activités professionnelles, si elles ne sont pas précisées, frôlent d’ailleurs dangereusement avec la pratique d’actes actuellement réservés aux médecins vétérinaires », précise le Dr Rioux, via communiqué, avant d’ajouter qu’ « évaluer l’état d’un élevage et déterminer des méthodes de traitement, on parle ici de diagnostic et de prescription, mais on a utilisé d’autres mots pour le faire. »
Risque pour la santé animale
L’Ordre des médecins vétérinaires du Québec craint que cette loi, si elle est adoptée, pose des risques pour la santé des animaux.
Par exemple, pour certaines maladies animales, un traitement nutritionnel est un facteur déterminant du rétablissement.
Or l’agronome, bien que disposant d’une formation exhaustive, ne possède pas les connaissances et compétences pour déceler une maladie animale causée par l’alimentation et l’Ordre craint que le médecin vétérinaire ne puisse plus intervenir en la matière.
L’Ordre indique avoir partagé ses préoccupations avec l’Office des professions du Québec à l’automne dernier, mais sans être entendu.
Il avait notamment demandé de séparer dans le projet de loi les activités et champs d’exercice se rapportant aux végétaux et aux animaux.
Pour l’Ordre, il apparaît évident qu’il s’agit de deux domaines différents et que des libellés généraux s’appliquant autant aux activités professionnelles en lien avec les végétaux qu’à celles en lien avec les animaux seraient trop imprécis et difficiles à interpréter.
« Réserver ces actes aux agronomes, est-ce que cela a une plus-value en matière de protection du public, demande le Dr Rioux, dans cette sortie publique. Non. Est-ce que ça aide les éleveurs? Non. Est-ce que c’est positif pour les animaux? Non. Je pense qu’on est en droit de se demander qui récoltera les fruits de ces changements de loi et s’ils sont justifiés. » (A.B.)