Mario Boucher, directeur général du regroupement des CPE Laval-Laurentides, privilégie le développement de la maternelle 4 ans en milieu défavorisé, mais n’est pas d’accord pour l’offrir à tous les enfants.
«Il peut y avoir un danger d’enseigner de manière formelle et structurée, car on est dans une culture scolaire», souligne M. Boucher.
«La volonté du gouvernement de scolariser tous les enfants de quatre ans ferait mal au milieu des garderies et CPE, ajoute-t-il. Mais au-delà de cela, il faut se poser la question, est-ce que quatre c’est l’âge pour entrer à l’école? Les jeunes doivent apprendre par le jeu.»
M. Boucher ne s’en cache pas. Les éducatrices des CPE voient un affront à leur travail dans l’élargissement de la maternelle à quatre ans.
Il déplore que l’annonce d’investissements en maternelle 4 ans ait été faite dans un contexte de compressions dans les centres de la petite enfance.
CSDL
Pour sa part, la présidente de la Commission scolaire de Laval (CSDL), Louise Lortie, croit que la maternelle 4 ans n’est pas pour tous. «C’est une excellente idée pour les enfants en milieu défavorisé. Les autres enfants sont mieux en garderies ou en CPE», mentionne Mme Lortie.
«Je crois que les deux options sont complémentaires pour rejoindre tous les enfants. La maternelle 4 ans est pour ceux qui sont pas allés en service de garde», insiste-t-elle.
Le SERL en faveur
Guy Bellemare, président du Syndicat de l’enseignement de la région de Laval (SERL), et Julie Bossé, secrétaire du conseil d’administration du SERL, voient d’un bon œil la maternelle 4 ans. Selon eux, le projet pourrait s’étendre à l’ensemble des jeunes de cet âge, sans toutefois le rendre obligatoire.
«J’ai visité les trois classes. Ce projet favorise l’intégration. C’est une bonne chose de scolariser les enfants défavorisés», souligne Mme Bossé.
«Sans vouloir dénigrer le travail qui se fait dans les garderies et CPE, la maternelle 4 ans est un plus-value pour les jeunes, renchérit M. Bellemare. Les enfants de milieu défavorisé ont davantage de risques de vivre des difficultés scolaires.»
Aucun service de francisation
Le président du SERL déplore qu’il n’y ait aucun service de francisation à l’école Monseigneur-Laval. «On a coupé le poste à temps plein de francisation. Cela n’a aucun sens. C’est ce que nous avons notamment dénoncé en consultation publique au ministre Proulx.»
Mme Bossé a constaté que les locaux préscolaire étaient trop petits et qu’on ne retrouvait aucune toilette dans les classes. «Au deuxième étage, il n’y avait même pas de toilette, admet-elle. De plus, il n’y a pas assez de bancs pour les jeunes, pour qu’ils puissent attacher leurs bottes sans la crainte de s’asseoir sur le plancher et mouiller leur pantalon.»
Entrée progressive
Par ailleurs, le SERL déplore que l’entrée progressive en début d’année de ces élèves ait été réduite à trois jours. «Ce n’est pas suffisant, lance Guy Bellemare. On devrait avoir huit jours. Nous avons fait la demande à la CSDL, mais elle n’a pas retenu nos arguments.»
Les enseignantes, éducatrices spécialisées et la directrice de l’école Monseigneur-Laval qui tentent déjà l’expérience voient tous les bienfaits de ce départ précoce.
Ces dernières croient que le gouvernement devrait étendre la maternelle 4 ans à tous.