Après avoir été la proie des flammes en janvier 2022, le bâtiment patrimonial situé au 255 boulevard Sainte-Rose, ancien local du restaurant Dame Tartine, demeure toujours hors d’usage.
Plus d’un an après l’incendie qui a abimé considérablement la maison reconvertie, on ne sait pas encore ce qu’il en adviendra.
Chose certaine, les travaux de restauration ont débuté plus d’un an et demi après l’incendie.
Entretemps, la maison patrimoniale était un lieu de prédilection pour les jeunes squatteurs, forçant la police à intervenir plusieurs fois.
Quant à la cause de l’incendie, le service de police de Laval soutient que «le dossier demeure toujours actif et l’enquête suit son cours jusqu’à nouvel ordre».
Bien que moins de 40% du bâtiment ait été affecté par l’incident, les dommages demeurent substantiels, surtout au niveau de la façade arrière, là on se situait la cuisine. Cette partie a été décimée à presque 100% et a fini par s’effondrer.
Restauration
Le 5 juillet, Elio Barchichat, propriétaire du bâtiment, a obtenu un permis de démolition partielle de la Ville de Laval, lui octroyant le droit de procéder à la démolition de l’arrière de la maison; une étape débutée il y a quelques semaines.
Un trou béant prend désormais place dans la toiture de la maison, la rendant vulnérable aux intempéries.
Un permis de construction a également été octroyé au propriétaire le 16 juin avec les précisions suivantes: «Aucuns travaux extérieurs, nettoyage de l’intérieur suite à l’incendie, conserver l’ensemble des éléments structuraux, conserver les boiseries et les meubles intégrés en bois.»
«Nos intentions à nous, c’est de faire le maximum pour reniper le bâtiment, garder son cachet historique, affirme Elio Barchichat. On veut vraiment conserver ce patrimoine.»
«On est plutôt satisfait de la situation actuelle, de dire Richard Cloutier, président de l’Association des Citoyens et Amis du Vieux-Sainte-Rose. On était profondément inquiets. Il ne se passait rien depuis presque deux ans sur le site. C’était au point mort. Le bâtiment était à l’abandon. On espère que cela va être restauré dans les normes, selon le profil du secteur et que ça va être quelque chose d’intéressant.»
Manque de fonds
Selon le propriétaire de la maison, mis à part les délais pour l’obtention de permis municipaux, l’enjeu majeur demeure financier.
Les dommages immobiliers et leur restauration patrimoniale seraient évalués à plusieurs centaines de milliers de dollars.
Par son Programme de revitalisation des immeubles patrimoniaux, la Ville de Laval permet l’obtention d’un financement maximal de 35 000$. Force est de constater que ce ne sera pas suffisant pour remettre sur pied le joyau patrimonial.
Depuis l’incendie de janvier 2022, Elio Barchichat doit entretenir le bâtiment à ses frais, sans revenu.
«C’est plus facile de démolir pour reconstruire que de restaurer, exprime-t-il, découragé par la situation. Restaurer, ce n’est vraiment pas évident. Je veux garder le côté historique. La Ville et moi, on est d’accord, mais il n’y a pas d’aide, pas de subvention.»
À ce sujet, la Ville atteste qu’une mise à jour du programme a été faite ce printemps, permettant l’augmentation du financement maximum accessible par propriété de 10 000$. Selon elle, «les modalités du programme visent à permettre au plus grand nombre possible de propriétaires lavallois de pouvoir bénéficier d’un certain niveau d’aide financière.»
Nouveau restaurant?
Le propriétaire du bâtiment en zone commerciale se dit ouvert à tout type de commerce, quand la location sera de nouveau possible, bien qu’inquiet que la maison flambe à nouveau.
Sur le certificat d’autorisation de démolition accordé par la Ville, l’utilisation de l’immeuble affiche «commerce de restauration».
Pour l’Association des Citoyens et Amis du Vieux-Sainte-Rose, un centre communautaire, d’archives ou un restaurant seraient des options intéressantes. Son président, Richard Cloutier, souhaite «quelque chose qui pourrait desservir la communauté».
Flavia Alexandra Novac, conseillère municipale de Sainte-Rose et responsable des dossiers culturels «trouve dommage de perdre commerces ou restaurants de proximité. C’est ce qui garde notre artère commerciale vivante. Pour moi, le retour de Dame Tartine serait une excellente nouvelle, sinon un autre commerce qui pourrait garder la vitalité dans notre quartier.»
Selon Elio Barchicat, le bâtiment devrait être remis sur pied dans une période de six à douze mois.
Maison Ouimet
Le bâtiment patrimonial au 255 boulevard Sainte-Rose, connu sous le nom de Maison Ouimet, a été construit vers 1855. Ses murs auraient été construits avec de la pierre provenant d’une ancienne église du quartier.
Comme son titre l’indique, la maison appartenait à la famille Ouimet, une famille d’agriculteurs.
En 1935, l’une des petites filles Ouimet ouvre un magasin de coupons, c’est-à-dire de tissus à la verge, où on pouvait acheter fils, laines, boutons et aiguilles. L’annexe vitrée en façade avant servait de vitrine à la boutique.
Le bâtiment changea ensuite de vocation pour les fleurs pendant des années, jusqu’à l’achat par le propriétaire actuel en 2015.