Elle admet que ses élèves ont souvent une longueur d’avance sur les autres quand ils commencent la maternelle 5 ans lorsqu’elle parle aux enseignantes pré-scolaire.
«Ils connaissent les règles de l’école. Ils découpent droit. Ils voient les lettres de l’alphabet. Bref, ils arrivent prêts», affirme-t-elle.
Ce dont elle aurait pu douter en début d’année, alors que la grande majorité des 14 enfants qu’elle a accueillis n’avait jamais fréquenté une garderie ou un CPE. Parmi eux, certains étaient à peine propres, ne parlaient aucun mot de français, faisaient des crises, pleuraient ou n’avaient jamais manipulé de ciseaux ou tenu de crayon dans leur main.
«Mes jeunes sont contents de venir à l’école. Ils sont heureux d’avoir des amis. C’est d’ailleurs souvent un premier contact avec les autres, car ils ne sont jamais allés à la garderie», ajoute-t-elle.
Depuis le mois de septembre, Mme Émond constate une belle progression de ces élèves. Ils deviennent plus autonomes. «La routine s’est installée. Les habiletés sociales aussi», enchaîne celle qui croit que son expérience comme éducatrice en adaptation scolaire lui donne un avantage marqué.
Elle est d’accord pour dire que la maternelle 4 ans crée un climat favorable pour contrer le décrochage scolaire.
Importance des parents
Mme Émond sait pertinemment que c’est la famille qui a le plus d’incidence sur l’enfant. «Il faut impliquer les parents. La barrière de la langue est le principal obstacle», avoue-t-elle.
D’ailleurs les élèves de l’école Les Quatre-Vents/Monseigneur-Laval parlent un total de 43 langues.
Afin de créer ce rapprochement, 10 ateliers parents-enfants sont offerts durant l’année scolaire. «Cela permet un lien de confiance avec l’école. On ne veut pas enlever l’autorité aux parents. Nous croyons vraiment au partenariat avec la famille. Il faut la sécuriser et gagner sa confiance.»
Accompagnement primordial
Janie Émond apprécie l’aide de l’éducatrice spécialisée Justine dans sa classe. «J’ai besoin qu’elle soit là, insiste-t-elle. Sans elle, ça ne peut pas fonctionner. Elle peut s’occuper des jeunes qui ont des problèmes de comportement ou d’adaptation.Tout est nouveau pour eux. On doit apprendre à manger à certains. Son travail devient alors essentiel.»
«On travaille l’autonomie et les habiletés sociales à partir des éléments du quotidien de la vie», laisse savoir Justine, l’éducatrice spécialisée.
Enfin, Janie Émond croit en l’importance de la maternelle 4 ans pour les enfants défavorisés. «Cela permet à ces jeunes de commencer du bon pied leur vie scolaire», conclut-elle.
La routine de Madame Janie
7h48: Arrivée des élèves. Le sac d’école est défait et la professeure regarde les messages. Les jeunes font des casse-tête en équipe de deux, afin de travailler le partage. Par la suite, ils ont droit à une lecture.
8h45: Collation. C’est un moment important, car quelques-uns n’ont pas encore déjeuné. Il y a des échanges entre eux, ce partage est gagnant pour parler français.
9h: Les jeunes apprennent le calendrier, les jours de la semaine, les mois. Ils apprennent à compter. Chansons et discussions sont également au programme. Ils ont un petit devoir à compléter la fin de semaine pour le retour en classe le lundi. Avec l’aide des parents, ils doivent expliquer ce qu’ils ont fait comme activités le week-end.
9h53 à 10h05: Récréation. Ils sont jumelés avec tous les élèves de l’école. S’il y a de la pluie, ils font des activités physiques à l’intérieur.
10h05: Après la récréation, les jeunes participent à une période de détente méditation de quatre minutes. Ils apprennent beaucoup par les jeux.
11h13 à 12h35: Dîner. Après le dîner, l’après-midi est consacré à la détente et aux jeux libres (blocs, cuisine, poupée, autos, etc.). La sieste n’est pas obligatoire (40 minutes), mais les jeunes sont tellement fatigués qu’ils s’endorment.
14h33: Fin des classes. Ils prennent l’autobus et c’est le départ vers la maison.