Tout indique que les travaux de l’usine de biométhanisation débuteront cette année sur le terrain jouxtant l’usine de traitement des eaux usées La Pinière, dans Duvernay Est.
Ce projet dont on parle depuis plus de 10 ans représente l’un des plus gros investissements publics depuis le prolongement du métro à Laval.
«On est en processus d’appel d’offres depuis juillet dernier», indique en entrevue au Courrier Laval la responsable des dossiers liés à l’environnement au comité exécutif, Virginie Dufour. Cet appel lancé sur le site du Système électronique d’appel d’offres (SEAO) du gouvernement avait été précédé d’un appel d’intérêt, considérant la grande complexité entourant ce type de projet.
Selon les échéanciers, le contrat de construction devrait être octroyé en juillet prochain et sa mise en service en 2024, soutient Mme Dufour.
200 M$
Le programme triennal d’immobilisation (PTI) prévoit un investissement de 195 millions de dollars dont 65 M$ seront assumés par les paliers de gouvernement supérieur.
Dans la foulée de l’implantation de cette usine, qui produira une énergie verte à partir de résidus putrescibles, le Bureau des grands projets procédait l’automne dernier à l’embauche de Luc Bourbeau à titre de gestionnaire de construction. Pour les cinq années à venir, cet ingénieur fort d’une expertise en pétrochimie dirigera à l’interne une équipe d’une demi-douzaine de personnes déjà dédiée à ce projet.
Sécheur de boues
L’investissement de 200 M$ inclut le remplacement du sécheur de boues municipales de l’usine La Pinière, lequel est rendu à la fin de sa vie utile. Cet équipement dont le coût est estimé à 40 M$ demeure un élément essentiel dans la chaîne de traitement biologique des intrants, mentionne Mme Dufour.
«Le grand intérêt de l’usine, c’est le traitement des boues», dit-elle en parlant des matières solides issues du traitement des eaux usées.
«Actuellement, une partie des boues produites à l’usine La Pinière est séchée et transformée en granules qu’on vend comme engrais. Le reste doit être enfoui.»
Quant aux boues d’épuration provenant des stations de Fabreville et Auteuil, elles prennent directement le chemin de l’enfouissement, poursuit-elle.
Or, dès que l’usine de biométhanisation sera fonctionnelle, la totalité de ces biosolides y sera acheminée. Incidemment, ces dizaines de milliers de tonnes de boues récupérées annuellement représenteront «la majorité des matières traitées», précise l’élue de Sainte-Rose.
Capacité
La future usine pourra traiter et transformer en biogaz près de 145 000 tonnes métriques de matières organiques et de boues déshydratées par année.
Toujours au chapitre des intrants, si les déchets de table offrent un excellent potentiel méthanogène, il en va tout autrement pour les résidus verts qui se prêtent davantage au compostage.
Carboneutralité
Ce centre de traitement des matières organiques par biométhanisation permettra à la troisième ville en importance au Québec d’atteindre la carboneutralité en termes de corporation municipale, souligne fièrement Mme Dufour.
«L’usine va produire en énergie autant que ce que la Ville consomme [pour chauffer, ventiler et éclairer ses bâtiments]», précise-t-elle, ajoutant au passage que les déchets sont de grands producteurs de gaz à effet de serre (GES).
Cela dit, en plus de convertir les déchets en gaz naturel renouvelable, la biométhanisation permet de supprimer les émissions de GES lors de l’élimination des matières résiduelles par enfouissement ou incinération tout en réduisant le volume de ces matières destinées à l’enfouissement.
Évidemment que cette usine est une pièce maîtresse de l’ambitieux plan de réduction dont Laval s’est dotée l’automne dernier et en vertu duquel elle s’engage à réduire de 33 % ses émissions de gaz à effet de serre (GES) d’ici 2035.