Cette demande, qui a obtenu l’appui de l’Union des municipalités du Québec (UMQ), a été formulée plus tôt cette semaine dans la foulée de la commission parlementaire du projet de loi 110, concernant le régime de négociation des conventions collectives et de règlement des différends dans le secteur municipal.
«Pour réellement changer le système, il est nécessaire de retirer l’arbitrage obligatoire et de donner la possibilité aux villes de nommer elles-mêmes leur mandataire», déclare le chef de l’opposition officielle, Jean-Claude Gobé.
Conseillère municipale du parti Action Laval – Équipe Jean-Claude Gobé, Aglaïa Revelakis endosse la proposition de MM. Coderre et Labeaume à l’effet que le conseil municipal puisse voter une résolution de convention collective à présenter au mandataire spécial. «Nous, les élus de la ville, devons pouvoir agir directement.»
Si son chef reconnaît que recourir au pouvoir de décréter les conditions de travail «n’est pas le choix premier d’une administration, [voire] un cas d’exception», M. Gobé considère la possibilité de le faire comme un moyen permettant de rééquilibrer le rapport de force avec les employés syndiqués.
Plus de la moitié du budget
Même son de cloche du côté du Parti Laval, représenté au conseil municipal par les conseillers indépendants Michel Trottier, Jean Coupal et Pierre Anthian.
D’autant qu’ils jugent qu’en abolissant l’arbitrage du processus de négociation, l’administration municipale reprendrait le contrôle sur le plus important poste budgétaire de la Ville.
«La rémunération et les cotisations de l’employeur représentent 53,6 % des dépenses de fonctionnement en 2016», soutient Michel Trottier, chef intérimaire de la nouvelle formation politique.
À Laval, les salaires et avantages sociaux versés aux 3200 employés municipaux chiffrent à 365 M$ les coûts de main-d’œuvre sur un budget de fonctionnement de 681,5 M$, indique-t-il.
Quant aux salaires des employés municipaux que l’on dit en moyenne 38 % plus élevés que les salaires de la fonction publique québécoise, le Parti Laval attribue en partie cet écart au faible pouvoir de négociation des villes face à la menace de grève et à la propension des arbitres de trancher sans tenir compte de la capacité de payer des contribuables.
Pas de commentaire
Quelle est la position du maire Demers face à la recommandation des maires Labeaume et Coderre à l’effet de retirer le processus d’arbitrage prévu dans le projet de loi 110?
«Cette question, comme vous pourrez le constater en lisant le mémoire présenté et le communiqué émis, n’a pas été abordée par le maire», répond par courriel le porte-parole Robert-Charles Longpré.
Quant à savoir s’il fallait en comprendre que l’administration Demers n’appuie pas la démarche des maires Coderre et Labeaume, le cabinet du maire réplique par la négative, ajoutant qu’il «ne fera pas de commentaire sur les positions des autres villes».