Remerciée au lendemain de la loi 40, l’ex-présidente de la Commission scolaire de Laval, Louise Lortie, s’inquiète des répercussions de cette loi sur le nouveau système de gouvernance scolaire.
Dans l’ancien système, l’ensemble de l’île Jésus était représenté par un membre du conseil d’administration.
«Chaque commissaire, qui représentait son territoire, était là pour être le porte-parole des écoles, parents et citoyens, affirme Louise Lortie. C’est une chose qui ne se retrouvera plus dans le nouveau contexte. On se demande si les membres du conseil parents feront aussi un suivi auprès des écoles comme le faisait les commissaires à l’époque.»
Nouveaux membres
À compter de juin, chaque centre de services scolaires comptera avec 15 administrateurs, dont 5 parents, 5 membres de la communauté et 5 membres du personnel scolaire.
Le nouveau centre de services sera divisé en cinq districts et chacun sera représenté par un parent. Les parents ne seront pas rémunérés, mais vont toucher certaines allocations.
«On se demande quel sera le rôle de chacun des administrateurs, déclare-t-elle. À l’Île-du-Prince-Édouard, ils ont aboli les commissions scolaires comme ici. Aujourd’hui, ils travaillent pour les remettre en place parce que le premier ministre pense que les décisions sont prises trop loin des citoyens.»
Élus sans voix
Le projet initial prévoyait que les commissaires quittent leur poste le 29 février. Un amendement déposé à la dernière minute a mis fin à leur mandant dès l’adoption de la loi.
«Je n’avais même pas l’autorisation d’aller dans les écoles de ma circonscription pour dire au revoir aux étudiants et membres du personnel, raconte Mohamed Ba, ex- élu de la circonscription Carrefour. J’étais très proche des élèves et très actif auprès des écoles.»
Louise Lortie affirme que le gouvernement provincial a agi de cette manière afin d’éviter que la Fédération des commissions scolaires du Québec (FCSQ) le poursuive pour discrimination liée à la langue.
«Les droits démocratiques des francophones ont été bafoués avec le maintien des élections du côté anglophone, mentionne Louise Lortie, ancienne vice-présidente de la FCSQ. Il y a maintenant deux catégories de citoyens au Québec. La Fédération comptait poursuivre le gouvernement, mais on n’était plus en poste au lendemain du bâillon.»
La loi 40 a été modifiée pour que les directeurs généraux soient les porte-paroles officiels des commissions scolaires.
Comité-conseil
Les directeurs généraux des commissions scolaires devront assurer la transition jusqu’à la fin de l’année scolaire.
«À la demande du directeur général, les élus et moi allons devenir un comité-conseil, poursuit Louise Lortie. Selon la loi, notre seule tâche sera d’assister aux rencontres avec le directeur pour l’aider en tant que conseillers.»
Les quelque 12 élus scolaires et la présidente recevront donc une rémunération jusqu’au 30 juin prochain.
Plus d’efforts
«À travers le Canada, les élections municipales et scolaires sont jumelées, commente Louise Lortie. La Fédération a proposé de créer un vote en ligne pour essayer d’augmenter le taux de participation des élections scolaires.»
Le chef de l’opposition à la Ville de Laval, Michel Trottier, qui avait déposé une motion en appui au maintien des commissaires scolaires élus, affirme que rien ne garantit que les élections municipales seront maintenues au Québec.
«Le gouvernement a pris cette décision parce que le taux de participation des élections scolaires était trop bas, affirme Michel Trottier. Il n’a rien fait pour changer cette réalité.
Rien ne nous garantit qu’il ne fera pas la même chose si le taux de participation baisse aux élections municipales.»
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