Si, si, vous avez bien lu.
Le coût moyen d’un logement inoccupé à Laval, toutes tailles confondues, s’élève à 1527 dollars par mois.
Voilà la dure réalité à laquelle sont confrontés les ménages à la recherche d’un logement sur l’île Jésus, révèle la porte-parole du Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), Véronique Laflamme, en entrevue au Courrier Laval.
«Les logements disponibles à la location sont beaucoup plus chers que le loyer moyen de l’ensemble du parc», insiste-t-elle.
Écart de 545 $ par mois
Selon le tout récent Rapport portant sur le marché locatif publié par la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), le coût d’un loyer en octobre 2022 s’établissait en moyenne à 991 $, logements occupés et inoccupés inclus.
En comparaison à ce qu’il en coûte pour les logements occupés, le locataire lavallois en quête d’un toit l’automne dernier devait payer en moyenne 545 dollars de plus par mois. Cela représente un écart de 56 % avec le loyer moyen d’un logement habité, ce qui témoigne d’un manque criant de logements abordables à Laval, là où le taux d’inoccupation est passé de 2,2 à 1,8 % en une année.
Des hausses de 3,5 à 14,5 %
Rendue publique le 26 janvier, la dernière enquête de la SCHL illustre pour la première fois la hausse du loyer moyen des logements ayant changé d’occupants.
Ainsi, dans la région métropolitaine de Montréal en 2022, la variation du loyer moyen a été de 14,5 % pour les logements de 2 chambres ayant accueilli de nouveaux locataires. Pendant ce temps, la hausse du loyer des logements où il n’y avait pas eu de changement d’occupants était quatre fois moindre, soit de l’ordre de 3,5 %.
Ce constat, explique Véronique Laflamme, vient torpiller l’argument selon lequel une plus grande disponibilité de logements neufs et chers créerait un effet de percolation qui permettrait de libérer des appartements abordables pour les ménages à faible et modeste revenu. À plus forte raison en l’absence d’un registre public et universel des loyers. «Les logements chers tirent l’ensemble des loyers vers le haut», affirmait-t-elle la semaine dernière en évoquant la pratique des propriétaires qui réajustent le loyer de leurs logements nouvellement libérés en fonction du prix du marché.
Et à la lumière des indices d’augmentation de loyer récemment publiés par le Tribunal administratif du logement, le FRAPRU craint que la situation ne s’empire cette année.
«Ça fait 30 ans que l’ex-Régie du logement n’a pas publié des estimations aussi élevées», soulignait Véronique Laflamme par voie de communiqué, le 26 janvier.
Appel à l’action
«Il n’est plus possible de nier ou de banaliser la crise du logement vécue par les locataires, ou d’affirmer qu’elle n’est le fait que de régions bien précises», soutient Véronique Laflamme alors que les taux de logements inoccupés sont sous le seuil d’équilibre de 3 % dans toutes les régions métropolitaines du Québec.
Pour le FRAPRU, une simple intensification de la construction de logements locatifs, sans égard à leur accessibilité financière, n’est surtout pas la solution à la pénurie actuelle.
L’organisation qui défend le droit au logement presse le gouvernement Legault d’investir massivement dans la construction de nouveaux logements sociaux dès le prochain budget.
En plus de réclamer le financement de 50 000 nouveaux logements sociaux en cinq ans, le FRAPRU demande à Québec d’instaurer un contrôle obligatoire de tous les loyers privés et de mettre sur pied sans plus tarder un registre des loyers permettant aux locataires de suivre leurs évolutions.
L’opposition s’en mêle
Dans une sortie publique suivant la publication du rapport de la SCHL, la députée de Mille-Îles et porte-parole de l’opposition officielle en matière d’affaires municipales et d’habitation, Virginie Dufour, affirme que «la hausse des taux hypothécaires n’aidera en rien à atténuer cette crise et pourrait engendrer une réduction du nombre de mises en chantier en 2023».
Dénonçant l’«inaction» du gouvernement Legault et son «déni» face à la crise du logement ces dernières années, Mme Dufour demande «un financement adéquat et un assouplissement des critères des programmes AccèsLogis et PHAQ [Programme d’habitation abordable Québec]» dans le prochain budget Girard.
«Avec l’arrivée d’immigrants temporaires, nécessaires pour contrer le manque de travailleurs, la pression sera d’autant plus forte sur le marché locatif. Il est urgent de déployer des moyens costauds pour stimuler la croissance du parc locatif», termine-t-elle.