La Société d’histoire et de généalogie de l’île Jésus (SHGIJ) témoigne de vives inquiétudes quant à l’impact qu’aurait le projet Place Sainte-Rose sur le patrimoine local du village qui «demeure sans doute celui, à Laval, qui a gardé le plus son intégrité architecturale», soutient-elle.
«On ne dit pas non au développement, mais pas dans sa forme actuelle», indique sa directrice générale Dominique Bodeven en entrevue au Courrier Laval.
Le principal écueil de ce projet de redéveloppement urbain au quadrant nord-ouest des boulevards Sainte-Rose et Curé-Labelle est qu’il empiète sur la zone patrimoniale du village.
En zone patrimoniale
Bien que la majorité des bâtiments que le promoteur projette de raser occupent la rue Thérèse-Casgrain, située à l’ouest du boulevard Labelle et exclue de la zone patrimoniale, la SHGIJ craint qu’une dizaine de maisons bordant au nord le boulevard Sainte-Rose puissent être appelées à subir le même sort, dont 5 figurent à l’Inventaire du patrimoine architectural de la Ville de Laval.
Parmi celles-ci, une maison en pierres à moellons, située au 321, boulevard Sainte-Rose, angle Clarence-Gagnon, dont l’année de construction remonterait à plus de 260 ans, selon le registre d’évaluation de la Ville qui l’estime à 1757.
Ses craintes, la Société d’histoire et de généalogie de l’île Jésus les justifie par les plans et esquisses préliminaires publiés sur le site IGSR qui prévoient l’implantation d’un CHSLD et d’un immeuble résidentiel en façade du boulevard Sainte-Rose.
«Après étude des plans, on peut constater que le projet, loin de proposer un « retour aux origines du quartier Sainte-Rose », inclut la destruction tant de ces maisons de grande valeur historique que de bâtiments dont la valeur patrimoniale est plus modeste, mais tout de même notable», peut-on lire dans un communiqué signé par la présidente de la Société, Vicki Onufriu.
On s’étonne également «que le projet se targue, dans sa brochure, de donner une importante place à l’histoire du quartier». On réfère ici à la volonté du promoteur d’y intégrer certains éléments architecturaux (lucarnes, tourelles, pierres et autres matériaux) inspirés du patrimoine historique du Vieux Sainte-Rose. «L’intégration – hypothétique – d’éléments architecturaux traditionnels sur des édifices modernes ne saurait absolument pas compenser la perte de bâtiments patrimoniaux qui constituent, depuis plus de deux siècles, un marqueur visuel pour toute la population du quartier», fait-on valoir.
Île Gagnon
Par ailleurs, la Société d’histoire et de généalogie de l’île Jésus emboîte le pas à l’organisme Éco-Nature qui réclame des autorités municipales qu’elles confèrent à l’île Gagnon une affectation «protection».
«De voir pousser des tours et de voir le paysage naturel de l’île Gagnon disparaître sous la pression de l’urbanisation nous semble totalement contraire au développement durable», termine-t-elle en souhaitant la préservation du patrimoine naturel et paysager de la rivière des Mille Îles.