Consultant en matière de financement d’entreprises, Luc Dupont soulève une lacune importante dans le déploiement des programmes d’aide financière en soutien à l’économie dont les nouveaux entrepreneurs font les frais.
S’adressant essentiellement aux entreprises existantes affectées par la crise sanitaire, les mesures d’urgence mises en place par les gouvernements offrent peu d’avenues aux entreprises en démarrage, ce qui les limite aux programmes traditionnels tels le Fonds Jeunes Promoteurs (FJP), le Fonds local d’investissement (FLI) et le Fonds d’Économie Sociale (FES) administrés par les Municipalités.
Le hic, c’est que du jour au lendemain les équipes municipales au soutien à l’entrepreneuriat ont été débordées devant l’afflux de demandes liées aux Programmes d’aide d’urgence aux petites et moyennes entreprises (PAUPME) et d’aide aux entreprises en régions en alerte maximale (AERAM).
«Les Municipalités, sans les blâmer, ont comme tous les organismes de financement des ressources pour gérer un volume normal de demandes, lesquelles ont décuplé, voire centuplé», explique l’expert-conseil. Résultat, les délais pour le traitement et l’analyse des dossiers de jeunes pousses s’étirent dans le temps.
Tomber dans les craques
Or, ces entrepreneurs qui planchaient sur leur plan d’affaires avant que ne frappe la pandémie sont «tombés dans les craques» du système, considérant que dans les faits la crise n’avait pas affecté leur chiffre d’affaires.
«On a vu des cas comme ça, dit Luc Dupont, consultant au programme d’accompagnement RÉ-activer Laval que propose la Chambre de commerce et d’industrie de Laval aux gens d’affaires en quête de solutions pour lancer ou relancer leur entreprise. Ceux qui n’avaient pas engendré de revenus n’avaient juste pas accès aux programmes d’aide».
Le danger, c’est qu’on se prive de nouvelles entreprises susceptibles de créer des emplois et de regénérer le tissu entrepreneurial québécois.
«Pour aider l’économie à reprendre son élan, il faut aussi aider les jeunes pousses, insiste le spécialiste en développement d’entreprises. Ce sont elles qui vont porter l’économie de demain».
Enfin, s’il avait un conseil à refiler à ces entrepreneurs en devenir, c’est de garder le cap et de s’en tenir à «la stratégie des petits pas», rappelant au passage que «la plus belle entreprise est celle qui réussit sans avoir besoin du système».