Mise à jour: 30 juillet, 8h00
Quarante-huit heures après avoir joint sa voix à celles de 10 autres organismes qui demandaient à la Ville de protéger l’île Gagnon, voilà que le Centre d’interprétation de l’eau de Laval (C.I.EAU) se prononce contre le second volet des projets de développement immobilier de l’île Gagnon et de Place Sainte-Rose (IGSR).
Dans un communiqué publié le 29 juillet, cet organisme qui promeut la protection et l’utilisation responsable de l’eau dépeint la rivière des Mille Îles comme «un milieu naturel d’une grande richesse», mais également comme «un milieu très fragile» en raison des «fluctuations importantes de débit et des étiages sévères» auxquels elle est soumise.
Surverses
La qualité de son eau est aussi à la merci de «plusieurs ouvrages de surverses et d’effluents de stations de traitement des eaux usées», note le C.I.EAU, en rappelant que ces rejets dans la rivière proviennent autant de Laval que des municipalités de la couronne nord.
Les surverses correspondent au trop-plein d’eau que les usines d’épuration n’arrivent pas à traiter. Lors de très fortes averses, par exemple, les réseaux d’égout n’ayant pas la capacité suffisante pour absorber les eaux de pluies déversent une partie de celle-ci et des eaux usées dans la rivière.
Ce phénomène n’est pas étranger au fait que «les activités de contact avec l’eau de la rivière sont généralement proscrites», rappelle-t-on tout en évoquant la pression additionnelle que susciteront avant longtemps les changements climatiques annoncés.
Cela dit, cette rivière généralement peu profonde demeure la source d’alimentation en eau potable de plusieurs municipalités riveraines, plaide l’organisme dont les installations logent à même la station de production d’eau potable Sainte-Rose au cœur du village. À Laval, la rivière des Mille Îles alimente les quartiers Fabreville, Champfleury, Sainte-Rose, Auteuil et Saint-François.
Six raisons
Réunis en assemblée le 24 juillet, les administrateurs du conseil du C.I.EAU – organisme que Québec élevait l’an dernier au rang d’institution muséale agréée – ont pris position dans le débat qui fait rage entourant l’acceptabilité sociale des projets de développement immobilier de l’île Gagnon et de Place Sainte-Rose estimés à 800 M$ et qui impliqueraient, entre autres, l’ajout de 1700 unités de logement.
Le conseil d’administration, qui s’y oppose, considère que ces projets contribueraient «à détériorer la qualité de l’eau de la rivière autant lors de la phase des travaux que par la suite» et «à augmenter le nombre de surverses dans le secteur situé tout juste en amont de la prise d’eau de la station de production d’eau potable Sainte-Rose et de la berge des Baigneurs».
Par ailleurs, le C.I.EAU estime que ces développements augmenteraient d’une part «le ruissellement et l’érosion en raison de l’augmentation des surfaces imperméables» et, d’autre part, «le soutirage d’eau de la rivière pour satisfaire l’augmentation de la demande en eau des nouveaux projets immobiliers».
Enfin, on avance que les projets IGSR contribueraient à exercer «une pression susceptible de dégrader les berges et un milieu naturel fragile en favorisant un accès trop intense aux personnes et aux véhicules» tout en affectant «la quiétude et la qualité de l’expérience d’accès à la rivière.»