La nouvelle exposition temporaire du musée scientifique Armand-Frappier, Nous et les autres – des préjugés au racisme, aborde un sujet délicat par les méthodes rigoureuses et objectives de l’analyse scientifique.
«On ne retrouve pas cette vision ailleurs», a indiqué Guylaine Archambault, directrice du centre d’interprétation des biosciences.
Séparée en quatre parties, la présentation guidée aborde les mécanismes cognitifs de la catégorisation, l’histoire du racisme, la génétique et conclut avec un état des lieux dans le monde, au Québec et même à Laval, qui dénombre dans sa population plus de 165 origines ethniques.
«L’idée est de mieux comprendre le racisme et, plus largement, la discrimination», a complété Adrien Poumeyrau, responsable des communications au Musée.
Adapté
Le parcours et contenu de l’animation varie selon l’âge des groupes et leur intérêt. Pour les jeunes, des vidéos et activités en groupe permettent de comprendre les problèmes engendrés par le fait de classer les gens selon des critères réducteurs.
Par exemple, un exercice de groupement d’objets permet de constater que chacun des jeunes crée des catégories différentes et que personne n’obtient le même résultat.
En contrepartie, les adultes seront interpellés par les témoignages et vidéos réelles de victimes et coupables de racisme. En montrant cette réalité telle qu’elle est, le spectateur est aussitôt tiraillé par son empathie et un malaise profond.
«Des gens éduqués, en toute bonne foi, croyaient à l’existence de plusieurs races chez les humains, ce qui a été prouvé faux par la science, fait remarquer Adrien Poumeyrau. C’est important d’en parler.»
D’un musée à l’autre
L’exposition originale, un coup de cœur pour la directrice du musée, a été présentée au Musée de l’Homme, à Paris. «Les témoignages étaient touchants, bouleversants même, a-t-elle raconté. De plus, ça s’insérait parfaitement dans la thématique de notre établissement: les enjeux scientifiques en lien avec la santé humaine.»
Elle a salué le support du conseil d’administration et son «choix audacieux en raison du sérieux du sujet».
Un défi imposant a été la réduction de l’exposition de 850 m2 dans le 150m2 qu’occupe le centre lavallois.
«C’est une expérience condensée, a affirmé Guylaine Archambault. Nous avons gardé le meilleur.»
À travers l’exposition, la directrice générale cherche également à démontrer l’effet marquant du stress social causé par l’exclusion.
«Si on s’arrête à une seule chose, la couleur de la peau ou un handicap physique, on passe à côté de ce que la personne est vraiment», a-t-elle conclu.