Sept pompiers et officiers du Service de sécurité incendie de Laval ont pris part à un exercice de feu autant scientifique que pédagogique afin de tester un produit qui pourrait réduire les risques de cancer et la consommation d’eau durant les interventions.
L’événement s’est déroulé le 8 mai sur le rang Saint-Amable, à Saint-Barnabé-Sud, tout près de Saint-Hyacinthe.
On a alors procédé à la mise à feu contrôlée d’une résidence, question d’effectuer des tests avec un agent émulsifiant de type «encapsuleur», de marque F-500, visant à optimiser les méthodes d’extinction.
Prévenir le cancer
«Il s’agit d’un additif qu’on ajoute à l’eau et qu’on a amélioré d’année en année, explique Claude Lussier, chef de division opérations du Service de Sécurité incendie de Laval. Il a un effet de refroidissement et sert à encapsuler autant que possible les molécules de carbone, soit ce que contient cette grosse fumée noire pouvant s’avérer extrêmement toxique pour les pompiers en action.»
L’officier lavallois rappelle que si les habits de combat des pompiers ont été énormément améliorés depuis des décennies, il reste des failles au niveau des gants et du cou, offrant des zones de vulnérabilité particulièrement pour la peau et la gorge.
Une extinction plus rapide des incendies viendrait ainsi diminuer les contaminants toxiques auxquels sont exposés les pompiers et s’ajouterait aux autres mesures mises en place face à la prévention des cancers chez les pompiers du Québec.
Grande première
Les acteurs de cette journée passée sur le territoire de la Régie intermunicipale de protection incendie du Nord des Maskoutains ont vécu une grande première, un tel exercice n’étant pas fréquent dans la province.
Exigeant une semaine de préparation du bâtiment, l’Institut de Protection contre les Incendies du Québec (IPIQ) a veillé au respect des normes strictes NFPA (National Fire Protection Association), en plus de fournir de nombreux enseignants pour de la formation lors de cet événement d’exception.
«Il fallait notamment s’assurer que les cadrages de porte de la résidence étaient renforcés, que le démembrement des gens et la quantité d’eau disponible étaient en règle, précise chef Lussier. Rien n’a été laissé au hasard grâce à l’IPIQ.»
Après six heures de tests, l’exercice semble avoir été fort concluant, bien qu’on se garde de crier victoire. «Déjà, les pompiers ont eu besoin de 50% moins d’eau, ce qui représente une économie importante, d’observer Claude Lussier. Pour ma part, je suis optimiste, car j’ai vu le changement de couleur de la fumée. Or nous ne pourrons arriver à aucune conclusion avant les analyses de l’Université d’Ottawa, un autre précieux partenaire dans ce projet.»
Les spécialistes ontariens compareront la quantité de contaminants restant sur les habits de combat des pompiers lors d’une extinction avec l’agent émulsifiant versus une avec de l’eau.
En mémoire de Langis
Pour le chef Claude Lussier, cette mise à feu scientifique prenait un sens spécial, lui qui a perdu son confrère Langis Villeneuve, décédé en novembre 2020 à l’âge de 54 ans, après une lutte de deux ans contre un cancer de la peau relié à son travail de pompier.
Langis Villeneuve avait aussi été un enseignant fort respecté de l’IPIQ.
«Je ne peux pas enrayer tous les risques de cancer chez mes collègues pompiers, mais nous pouvons au moins travailler à les réduire au maximum de nos capacités», de conclure chef Lussier.