Profitant de la sortie d’une étude universitaire révélant le peu d’intérêt médiatique pour les politiciennes municipales, trois conseillères de Laval partagent leur expérience en la matière.
Pour leur projet Les représentations médiatiques des femmes en politique municipale: quels enjeux, quelles incidences sur les candidates?, des chercheuses de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) ont parcouru 1110 articles de la presse écrite et de médias communautaires écrits francophones du Québec.
«L’analyse de ces journaux écrits portait sur l’élection municipale de 2017, mentionne Stéphanie Panneton, étudiante au doctorat et principale chercheuse de l’étude. Elle a révélé qu’il y avait un traitement différent entre candidats et candidates. Ensuite, nous nous sommes intéressées à la perception des femmes, à comment elles vivent cette relation avec les médias.»
Premier témoignage
«Lors de ma présentation aux élections municipales de 2017, je n’ai eu aucune entrevue, confie Sandra El Helou, actuelle conseillère de Souvenir-Labelle. Mon nom a seulement été mentionné dans une énumération pour le fait que je me présentais comme conseillère dans mon district.»
Mme El Helou mentionne que le manque de couverture s’est poursuivi jusqu’au conseil municipal.
«Les journalistes sont évidemment plus intéressés à accorder une couverture plus accrue au maire, poursuit-elle, avant d’estimer que le maire est un homme, donc par le fait même, les femmes sont malheureusement mises de côté.»
Formation et mentorat
«Ce n’est pas seulement par rapport à leur relation avec les médias, mais je crois qu’une plus ample formation devrait être offerte aux conseillères pour savoir dans quelle aventure elles s’embarquent», soutient pour sa part Aglaia Revelakis, conseillère dans Chomedey.
«En 2016, on avait offert un atelier de simulation du conseil de ville aux femmes et plusieurs d’entre elles ont été surprises de toutes les responsabilités que contient le rôle de conseillère de ville, ajoute Mme Revelakis. Il faut travailler avec les médias pour trouver une manière d’encourager plus de femmes à faire le saut en politique municipale.»
«Une des recommandations qui a été émise par nos candidates serait d’ailleurs d’encourager le mentorat entre femmes, d’avoir une formation pour avoir des outils, pour mieux comprendre le pouvoir médiatique », admet Caterine Bourassa-Dansereau, l’une des deux professeures au département de communication sociale et publique de l’UQAM avec sa collègue Caroline Bouchard, qui a participé à ce rapport.
Seconde partie
La deuxième partie de l’étude met en lumière plusieurs entretiens avec des candidates, où plusieurs sous-aspects de leur relation avec les médias sont abordés.
Parmi les constats relevés, mentionnons l’importance de développer une relation professionnelle et cordiale avec les médias pour s’assurer d’une bonne couverture médiatique, ce qui ne serait pas autant requis pour leurs collègues masculins, spécifie-t-on.
Un aspect important qu’a constaté Isabella Tassoni, conseillère municipale de Laval-des-Rapides. «Il y a des gens que je connais et qui sont très « amis » avec les journalistes, confie-t-elle. Ça leur va très bien parce qu’ils ont une couverture constante avec les journalistes.»
Autre différence
D’autre part, l’étude mentionne aussi une différence marquée entre les petites et plus grosses municipalités.
«Avec les plus grosses municipalités, il y a évidemment plus de ressources médiatiques et un rapport plus important entre les médias et leurs élues, affirme Stéphanie Panneton. Il y a aussi plus souvent dans ce type de municipalité la présence d’équipes de communication alors que dans les plus petites villes, ce sont les élues elles-mêmes qui gèrent leurs communications.»