Avec 33 701 $ de revenu annuel, le portefeuille moyen des Lavallois était plus garni que celui de l’ensemble des Québécois, en 2006. À l’aide de quatre indicateurs de «défavorisation» tirés du recensement canadien de 2006, l’ASSSL a créé une carte qui donne un portrait moins homogène de Laval.
L’Agence a obtenu ce profil plus nuancé, publié en janvier dans son bulletin Santé Laval, en recoupant revenu moyen, taux de la population sans diplôme, proportion de familles monoparentales et pourcentage d’immigrants dans neuf secteurs de l’île.
On reconnaît généralement que les disparités touchant ces indicateurs entraînent des inégalités sur le plan de la santé des individus et des collectivités. Le phénomène est connu sous le vocable d’«inégalités sociales de santé».
Ces inégalités influencent la durée et la qualité de vie, l’adoption de comportements favorables à la santé, le développement et le bien-être des individus et ont une incidence sur le recours aux services de santé.
Sainte-Dorothée choyée
Trois secteurs de Laval, concentrés dans le sud-est de l’île, affichent une performance moindre que l’ensemble de la municipalité, pour au moins trois indicateurs.
Avec un revenu moyen plus faible (29 774 $) que sur l’ensemble du territoire, moins de diplômés, plus de familles monoparentales et plus d’immigrants, Laval-des-Rapides est le secteur le plus défavorisé, selon les données compilées par l’Agence.
Les secteurs Chomedey (27 776 $) et Pont-Viau (29 643 $) ont également un profil désavantageux, pour trois indicateurs sur quatre.
Les secteurs les plus nantis sont principalement Sainte-Rose (36 367 $), Vimont/Auteuil (36 872 $) et Duvernay/Saint-Vincent-de-Paul (39 203 $).
Sainte-Dorothée apparaît comme le secteur le plus choyé, malgré la proportion élevée d’immigrants qui ont choisi d’habiter ce secteur plutôt qu’un autre (ce qui vaut à cette zone la teinte bleu pâle, sur la carte). On y trouve à la fois le revenu moyen le plus élevé, le taux de diplômés le plus élevé et le pourcentage de familles monoparentales le plus faible.
Des outils
Ce type de portrait constitue un outil de planification pour le réseau de santé de Laval, explique Martine Caza-Lenghan, responsable des communications à la Direction de la santé publique (DSP) de Laval.
D’autres initiatives similaires sont mises de l’avant par la DSP, notamment en matière de sécurité alimentaire, expose Alexandre St-Denis, agent de planification et de recherche à la DSP. Une carte d’accessibilité des marchés d’alimentation a permis de mettre sur pied un programme de distribution de boîtes de fruits et légumes aux populations défavorisées, qui sera déployé au printemps.
Cartographier les inégalités d’une façon ou d’une autre «aide à prendre conscience des problématiques et amène les gens à réfléchir», dit M. St-Denis. «Il faut faire attention au discours qui dit qu’on assiste à une diminution de la pauvreté, dit-il. Le prix du pain a augmenté de 40% depuis un an et demi. Être sous le seuil de faible revenu maintenant et dans les années 1990, c’est différent.»
Sur le terrain
«Les services sont disponibles, commente Mathieu Vachon, responsable des communications au Centre de santé et de services sociaux (CSSS) de Laval. Mais ce n’est pas parce qu’ils sont disponibles que les gens les utilisent. C’est pour ça qu »il est important d’aller à leur rencontre.»
La carte des inégalités sociales de santé peut alors guider les divers organismes communautaires qui travaillent en partenariat avec le CSSS. Le Centre lui-même offre des services sur le terrain, comme ceux dispensés par l’Équipe itinérance de Laval, formée de deux infirmières et deux travailleurs sociaux qui visitent les itinérants dans la rue, illustre M. Vachon.
Un autre exemple de contacts directs avec les populations plus vulnérables: la caravane de l’organisme L’Oasis, un guichet unique ambulant vers les ressources d’aide, pour jeunes et adultes en difficulté. «On sert de porte d’entrée et on fait du travail de prévention», explique Guy Boisvert, directeur général.