Chef intérimaire de Parti Laval, Claude Larochelle attribue «une grande part de responsabilité de l’échec» du projet de la Cité du cinéma aux élus de l’administration Boyer qui siègent au comité consultatif d’urbanisme (CCU).
«S’ils avaient joué leur rôle comme il faut, nous n’en serions pas là aujourd’hui», déclarait-il dans une sortie publique après qu’on eut appris que le projet piloté par l’homme d’affaires Michel Trudel retournait à la case départ.
Ménage souhaité
M. Larochelle demande au maire Stéphane Boyer de «faire preuve de leadership et de faire le ménage qui s’impose» au CCU, où siègent notamment le conseiller municipal Yannick Langlois (L’Orée-des-Bois) comme président et ses collègues Pierre Brabant (Vimont), Sandra El-Helou (Souvenir-Labelle) et Ray Khalil (Sainte-Dorothée).
«Le conseil municipal ne peut plus avoir confiance envers les élus du CCU. Ils ont échoué sur tous les plans, mentionne M. Larochelle par voie de communiqué. Ils n’ont pas été capables d’émettre une opinion, ont caché de l’information à la population lavalloise et aux membres du conseil».
Le conseiller de Fabreville dénonce le fait que «les quatre élus ont choisi de ne pas révéler les conclusions du rapport du Service de l’urbanisme [sachant] pertinemment qu’elles auraient un effet dévastateur sur l’issue du projet».
Rappelons que cet accablant rapport gardé secret jusqu’à ce qu’il fuite dans les médias était sans équivoque et suggérait au CCU de recommander au comité exécutif le rejet de la demande de changement de zonage du promoteur.
Confiance réitérée
Réitérant sa confiance envers les élus visés, le maire Stéphane Boyer a réagi ainsi dans un échange de courriels: «J’ai vu des dizaines de dossiers de changement de zonage depuis mon entrée en fonction, il y a 9 ans. Je peux vous garantir que celui de la Cité du cinéma a suivi le même chemin que tous les autres. Si l’Opposition souhaite changer les règles du jeu du jour au lendemain, je les invite à contacter mon équipe pour prendre un rendez-vous pour en discuter.»
Pas de consensus
Appelés à se pencher ce printemps sur une demande de changement de zonage visant un terrain de deux millions de pieds carrés au quadrant sud-ouest de l’avenue Marcel-Villeneuve et de la rue de l’Harmonie dans l’est de Laval, les huit membres du comité consultatif d’urbanisme n’avaient pas été en mesure d’en arriver à un consensus.
Après délibérations, tous sont demeurés divisés sur la question: la moitié se prononçant en faveur et l’autre en défaveur, d’où l’absence de recommandation au comité exécutif.
«Pas besoin d’être dans le secret des dieux pour savoir que les quatre spécialistes indépendants du CCU ont voté contre le projet et les quatre élus du parti de monsieur le maire en faveur du projet», avait lancé Claude Larochelle à la séance du conseil municipal du 9 août dernier. Une déduction qui avait fait bondir le président du comité, Yannick Langlois, qui lui a demandé, en vain, de retirer ses paroles.
Johanne Couture, Wassila Djaziri, Serge Vaugeois et Omar Waedh complètent la composition du comité consultatif.
Délibérations confidentielles
En entrevue au Courrier Laval à la mi-octobre, M. Langlois avait rappelé que les délibérations au CCU étaient frappées du sceau de la confidentialité.
«C’est son interprétation à lui; [Claude Larochelle] présume de la confidentialité du vote des membres, soulignait M. Langlois. Je ne comprends pas qu’il puisse penser ça».
Même pas moyen de savoir si le ton a monté durant les échanges de cette réunion tenue le 17 juin entre 13h35 et 16h. «Ce que je peux vous dire, c’est qu’il y a un très grand respect des membres au sein du comité», avait indiqué le principal intéressé, ajoutant que «les règles ont été suivies» et que tous ont pu voter en toute connaissance de cause.
Obtenu via la Loi d’accès à l’information, le procès-verbal de la réunion est caviardé jusqu’à taire l’égalité du vote (4 contre 4) et l’absence de recommandation au comité exécutif.
De mémoire, c’est la première fois qu’une telle situation se produisait, selon le chef de la division réglementaire au Service de l’urbanisme, Jean Chartier.
«C’est très peu commun, convient Yannick Langlois, qui siège au CCU depuis 2017. Je pense que c’est la première fois, mais je pourrais me tromper».
Enfin, à la question si les membres du comité appuient généralement les recommandations du Service de l’urbanisme, M. Langlois soutient qu’il peut arriver en de très rares occasions qu’ils les renversent. Dans le cas du changement de zonage lié au projet de la Cité du cinéma, la recommandation défavorable de l’Urbanisme n’a été ni appuyée ni rejetée.