Pour la première fois, soit depuis 35 ans, les coroners à temps partiel du Québec entameront des moyens de pression le mercredi 3 août.
«Ils ne le font pas de gaieté de cœur, mais bien par exaspération devant le silence de l’État québécois», spécifie l’Association des coroners du Québec dans son communiqué émis aujourd’hui.
L’Association précise aussi que plus de 5000 investigations de décès sont réalisées annuellement, plusieurs s’accompagnant de recommandations destinées à rendre notre société et nos milieux de vie plus sûrs.
Les coroners à temps partiel effectuent ainsi 98% des investigations pour le Bureau du coroner.
Vieux règlement
«Néanmoins, bon an, mal an, la dégradation de leurs conditions de travail fait en sorte qu’environ 15 % des coroners à temps partiel quittent le Bureau. Que le gouvernement ne fasse rien pour endiguer un tel taux de roulement de ses coroners montre éloquemment le peu de considération qu’il fait d’une institution pour laquelle la société québécoise a pourtant un énorme respect», soutient l’organisation dans sa communication aux médias.
Sauf pour de légers aménagements, la rémunération du coroner à temps partiel s’appuie toujours sur un règlement datant de 1987.
L’Association des coroners du Québec demande donc que le gouvernement convienne sans délai d’un mécanisme de négociation statutaire composé d’une table paritaire et d’un échéancier serré, vu l’urgence de la situation.
Exemples de conditions de travail
Chaque jour, une vingtaine de coroners assurent sans aucune forme de rémunération la garde de 24 heures dans tous les territoires du Québec. Ils sont probablement les derniers officiers publics à faire de la garde bénévolement au Québec.
Alors que le gouvernement s’apprête à hausser ses exigences de formation pour les coroners, ceux-ci ne reçoivent toujours aucune rémunération pour les nombreuses heures qu’ils consacrent à se former. Les coroners à temps partiel évoluent dans un monde législatif, juridique, réglementaire et médical complexe. Aucune rémunération n’est prévue pour les heures consacrées par les coroners à temps partiel à l’acquisition des connaissances nécessaires.
Le déplacement sur les scènes de décès est parfois un élément important pour apprécier la cause et les circonstances du décès. Le coroner ne reçoit alors qu’une compensation pour ses frais de kilométrage. Aucun dédommagement n’est prévu pour son temps.
«Empêtré dans un système informatique peu convivial, le Bureau du coroner n’a même pas les moyens d’offrir un support administratif minimal. Ceci n’est pas étranger au découragement de nombreux coroners. Le gouvernement a plutôt choisi d’attribuer un montant aux coroners pour qu’ils effectuent, eux-mêmes, ces tâches administratives. Ce montant est nettement inadéquat. », argue l’Association des coroners du Québec dans sa sortie publique.
Autres détails
Calculé per capita ou au prorata des investigations réalisées, l’Ontario dispose d’un budget de 5 millions de plus que celui du Québec, précise également l’Association.
«Dès le 3 août, à l’unanimité, les coroners comptent rappeler à l’État qu’il a une responsabilité incontournable dans le maintien de la qualité du travail des coroners. De façon graduelle, les coroners à temps partiel comptent limiter leur disponibilité jusqu’à ce que l’État démontre son intention de véritablement négocier afin d’arriver à des modifications déterminantes pour l’exerce de la charge du coroner à temps partiel», conclut l’Association des coroners du Québec dans son communiqué.