Ces revendications ont été entendues, lundi, lors d’une manifestation des conducteurs d’autobus scolaire devant le bureau de comté de la ministre des Finances, Monique Jérôme-Forget, à LaSalle. «Ça fait 30 ans que je suis chauffeur et ça fait 30 ans qu’on nous niaise», affirme avec aplomb le représentant du secteur du transport scolaire à la CSN, Jacques Forgues.
Les chauffeurs d’autobus scolaire souhaitent ainsi de meilleures conditions de travail, passant par la bonification de leurs salaires. «Les conducteurs sont obligés d’occuper deux emplois», explique Jacques Forgue. «Le poste de chauffeurs doit être considéré comme un premier emploi».
Actuellement, le salaire annuel des conducteurs d’autobus scolaire varie de 16 000$ à 17 000$ à raison de 25 heures par semaine pour un taux horaire d’environ 15$. Pour Jacques Forgues, certains employés délaissent leur poste de conducteurs au profit de leur deuxième emploi. «Nous avons une pénurie de main-d’œuvre dans le domaine. À l’exception de ceux qui font de la surveillance dans les écoles entre leurs chiffres de travail, il est difficile d’occuper un deuxième emploi entre les circuits scolaires», avoue celui qui constate du même coup que le manque de chauffeurs bloque pour chacun la possibilité de se faire remplacer. «Le premier ministre Charest dégage des sous pour donner de la formation à l’emploi, mais nous on est déjà formé et on ne reçoit rien», s’insurge Jacques Forgue. À ce propos, Jean-Pascal Bernier, attaché de presse de la ministre de l’Éducation et députée de Fabre, Michelle Courchesne, explique que 53 M$ ont été investis pour 2004-07, avec une bonification annuelle de l’enveloppe budgétaire indexée selon l’augmentation du coût de la vie et assurant une protection quant à la hausse du prix du carburant. «Le gouvernement remet l’argent du budget aux commissions scolaires et ces dernières le remettent aux transporteurs», admet Jean-Pascal Bernier justifiant la non-responsabilité du gouvernement quant à la redistribution faite du budget alloué au transport scolaire.
Partenariat entre les chauffeurs et les directions d’écoles
Selon Pierre-Luc Bilodeau, du service des communications de la CSN, l’absence de politique nationale de sécurité obligent bien souvent les chauffeurs à prendre des décisions sans avoir de repère précis. «Il y a un certain flou dans les règlements. D’un côté, un élève ne peut par exemple pas entrer dans un autobus s’il a des skis, mais il est interdit de laisser un jeune sur le bord de la route», confie Pierre-Luc Bilodeau. Le gouvernement Charest s’est d’ailleurs engagé à mettre sur pied une consultation publique sur la politique nationale de sécurité souhaitée par les chauffeurs. «Un comité existe déjà, mais son rôle sera élargi afin de développer des règles de sécurité aussi bien autour que dans les autobus scolaires», dévoile l’attaché de presse de Mme Courchesne. Les ministères de l’Éducation et du Transport se concertent d’ailleurs sur l’élaboration d’une prochaine consultation publique.
Les chauffeurs dénoncent aussi la lenteur entre la rédaction d’un rapport, citant le mauvais comportement d’un jeune à bord d’un autobus, et sa livraison. Pour remédier à cette situation, Jacques Forgue souhaite l’instauration d’un partenariat avec les écoles pour que les problèmes survenant dans les autobus soient réglés le jour même, selon la gravité de l’infraction commise. «La Commission scolaire de Laval fait des efforts constants pour qu’il y ait un lien direct entre la direction d’une école et les autobus», affirme toutefois la présidente de la CSDL, Francine Charbonneau, avouant du coup être consciente de la montée de la violence dans certaines régions de Laval. «Nous élaborons des stratégies pour améliorer la sécurité des chauffeurs, des élèves et aussi des élèves perturbateurs», ajoute Mme Charbonneau, étonnée de voir les chauffeurs revendiquer un rapprochement avec les écoles.
La présidente indique que des contraventions d’attitude et des certificats de bon comportement, en lien avec les agissements des jeunes à bord des autobus, sont déjà remis aux élèves. «À ce stade, chaque école à sa façon de procéder et ceux qui ont un mauvais comportement peuvent même aller jusqu’à perdre leur privilège de transport», soutient Francine Charbonneau.
Une école des Laurentides est par ailleurs en train de tester l’émission de billets donnés directement à un élève délinquant et nécessitant la signature d’un parent. «J’aimerais voir la mise en place d’un système de billets, qui dissuaderait plus rapidement un jeune fautif de recommencer ses actions», conclut Jacques Forgue.
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