«Malgré le fait qu’on est en contact très étroit avec nos patients qui peuvent être asymptomatiques et qu’on utilise nos propres vêtements pour aller les visiter, notre employeur ne nous a pas fournis des jaquettes», déplore un auxiliaire à domicile du Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de Laval voulant garder l’anonymat.
L’Association des auxiliaires familiales et sociales du Québec (AAFSQ) revendique le port de blouses lavables pour tous les auxiliaires à domicile qui peuvent visiter plusieurs patients chaque jour.
«On demande que le CISSS de Laval nous donne de 8 à 10 jaquettes lavables par auxiliaire à domicile, commente Nathalie Bourque, porte-parole de l’AAFSQ. De cette manière, les employés n’auront plus à porter leur propre linge quand ils se rendent dans plusieurs endroits où il peut y avoir des patients asymptomatiques.»
Mieux informés
Un employé du CISSS de Laval avoue que même si ses supérieurs font du mieux qu’ils peuvent, ils devraient les tenir informés sur l’état de la situation.
«On ne savait même pas qu’il y avait des cas de COVID-19 au 3275, rue des Châteaux, alors qu’on fréquente cette résidence, explique cet auxiliaire à domicile du CISSS de Laval. C’est un manque de transparence de ne pas nous prévenir quand il y a des cas positifs à certains endroits.»
Avec près de 20 ans d’expérience, l’employé revendique aussi le port de la jaquette pour lui et tous ses collègues, car certains sont appelés à aller chez les clients et des CHSLD ayant des cas positifs de COVID-19.
Auxiliaires testés positifs
«Il y avait l’une de nos collègues qui allait souvent travailler dans un CHSLD avec des cas positifs, insiste-t-il. On a su qu’elle a été testée positive à la COVID-19 la semaine dernière. Une autre fois, un usager est décédé à domicile et l’un de nous s’est chargé d’appeler les ambulanciers. Quand ils sont arrivés, ils nous ont demandé pourquoi on ne portait pas de jaquette.»
Cet employé confirme que des contrôles sont demandés à l’entrée de chaque établissement et aussi au début de chaque quart de travail.
De même, les horaires ont été modifiés pour diminuer le nombre des clients par jour afin de limiter la circulation des employés et éviter une éventuelle propagation.
«Avoir tout l’équipement de protection servirait à empêcher que plus d’employés tombent malades, ajoute-t-il. Maintenant, je vais devoir dormir au sous-sol chez moi, parce que je vais probablement devoir visiter des patients avec la COVID-19. On devrait aussi se faire dépister chaque deux semaines pour nous protéger et protéger nos familles.»
Valoriser le métier
«Dans les cinq dernières années, la clientèle a augmenté et les dossiers sont plus lourds qu’avant, raconte l’auxiliaire à domicile. Maintenant, on peut visiter cinq patients par jour ou cinq patients en avant-midi juste pour les médicaments. Parfois, c’est une course contre la montre.»
La directrice de Bien Chez Soi Laval, Sylvie Caouette, estime que le gouvernement devra investir davantage dans le soutien à domicile si on compte mieux soigner et aider les aînés.
«Le gouvernement a proposé une prime au personnel de la santé, mais il ne nous a donné aucune subvention pour payer ces primes, s’exclame-t-elle. Les clients essaient de nous aider pour qu’on puisse payer les 4$ supplémentaires à nos préposés à domicile. C’est le gouvernement qui devrait nous aider.»
Cette pensée est partagée par l’AAFSQ qui souhaite aussi que ses employés soient reconnus et mieux payés par le gouvernement.
«Les auxiliaires à domicile s’occupent de l’aspect global du bien-être du patient, explique Mme Bourque, porte-parole de l’AAFSQ. On demande une amélioration au niveau des salaires et une reconnaissance de notre métier qui est essentielle parce qu’on soutient le patient sur l’aspect physique et social.»