Il en coûtera très précisément 249 495,75 $ pour effacer des bandes de couleur bleue et blanche des trottoirs voisinant les écoles et parcs de la Ville.
Le contrat a été adjugé le 13 août par le conseil municipal à une entreprise de Saint-Eustache spécialisée en marquage de chaussée et effacement de marquage.
«On n’a pas le choix de voter pour, a indiqué le leader d’Action Laval et de la seconde opposition, Michel Poissant, lors des échanges précédant l’adjudication. Je pense qu’on est tous un peu mal à l’aise.»
Au final, l’aventure aura coûté 1 M$ aux contribuables, soutient Action Laval qui chiffre à 750 000 $ le marquage des trottoirs à l’automne 2017.
Leçons à tirer
M. Poissant a expliqué qu’il y a des «leçons à tirer».
Par exemple, un «projet audacieux» nécessite de recourir à «un projet-pilote» avant de le mener à grande échelle.
Avant lui, le leader-adjoint d’Action Laval, David De Cotis, avait qualifié cette opération d’«échec colossal».
Le maire Marc Demers s’est défendu, rappelant que le Programme de mesures d’apaisement de la circulation (MAC) avait suscité un grand enthousiasme auprès des élus au moment de son adoption au printemps 2017. «Tout le monde a voté pour», a-t-il rappelé au sujet de ce plan triennal qui comprenait quelque 900 mesures.
«On a malheureusement retenu la pire des mesures, mais la plus visible d’un point de vue électoral, a aussitôt répliqué le conseiller de l’opposition officielle et élu du Parti Laval, Claude Larochelle. Selon lui, la première mesure du Plan devait être l’aménagement de traverses surélevées (dos d’âne allongés), un moyen éprouvé en matière de réduction de vitesse. «Les jeunes [automobilistes] respectent les dos d’âne. Ils font attention à leurs amortisseurs, ça coûte assez cher!»
Victoire
Malgré le million de dollars engouffré, M. De Cotis a parlé d’«une grosse victoire pour les citoyens» et pour «l’opposition» qui, en juin 2018, avait fait adopter une résolution pour mettre fin à ce volet du programme des mesures d’apaisement.
Alors que le maire Marc Demers avait perdu la moitié de son caucus et la majorité au conseil municipal lors de la crise de l’été dernier, les dissidents de son parti et les deux élus de l’opposition s’étaient ligués contre cette mesure hautement impopulaire, imposant son retrait définitif et l’effacement de cette peinture bleue et blanche à travers la ville.
On se rappellera qu’en octobre 2017, en pleine campagne électorale, le comité exécutif avait suspendu l’opération de marquage des bordures de trottoir, question de calmer la grogne populaire et «prendre le temps d’expliquer le bien-fondé de la mesure» qui ciblait 300 zones avant la première neige. Le programme avait alors été réalisé à près de 60 %.
Accusant l’équipe de Marc Demers de faire «de la mauvaise gestion sa marque de commerce», M. De Cotis, qui était à l’époque vice-président de cette administration, rejette toute responsabilité.
«Je ne me sens aucunement coupable parce que je n’ai jamais voté pour ça, insiste-t-il, ajoutant qu’il avait rapidement fait pression pour que l’on cesse son déploiement . C’est complètement différent de ce qui avait été présenté au comité exécutif. C’est pour ça qu’on a suspendu les travaux en octobre.»