Près de 120 enfants de 6 et 10 ans de l’école internationale des Aventuriers, à Chomedey, ont créé 4 toiles collectives pour célébrer la journée nationale des peuples autochtones ce mardi 21 juin.
Avec la pandémie, la distance a forcé les rencontres via les écrans. Nancy Rankin a pu parler aux élèves de Laval à plusieurs reprises par visioconférence. «C’est ça que j’essayais de faire avec les enfants. D’être présent, d’écouter et de répondre à leurs questions», raconte-t-elle.
Dans la classe de l’enseignante Hayat Cherrou les élèves ont pu en apprendre plus sur la culture, l’art et les valeurs autochtones et même quelques mots en langue autochtone. «Ils ont vraiment adoré ça», témoigne l’enseignante.
Pour cette seconde année, six classes de l’école des Aventuriers ont pu travailler sur les toiles. Le projet s’est étendu sur deux mois.
Les enfants pouvaient choisir les thèmes qu’ils voulaient mettre de l’avant. Des classes ont décidé de peindre l’espace et d’autres des paysages.
«On a vraiment une diversité culturelle très très riche [à école]», explique Hayat Cherrou. Un groupe a d’ailleurs choisi de représenter le multiculturalisme de l’école avec des drapeaux.
Jusqu’en France
Le projet Un écran entre deux mondes est la continuité d’une idée mise en branle il y a plusieurs années par l’artiste franco-italienne Victoria Bond.
Cette initiative rallie maintenant près de 350 élèves d’écoles primaires, soit à Laval, Sainte-Marguerite-du-Lac-Masson avec l’école Mgr. Ovide Charlebois et même en France avec l’école du Moulin Vieux.
Victoria Bond s’est toujours intéressée à ce qu’elle nomme «les arts premiers». Le projet a commencé avec une activité de création de mâts et totems auprès d’enfants à Sainte-Adèle.
C’est lors de cette activité que Nancy Rankin, petite fille de Tom Rankin, grand chef de la nation Abitibiwinni en Abitibi, a rencontré l’artiste.
Nancy Rankin a été très «touchée» de voir les jeunes explorer l’art autochtone avec autant de respect. Elle a ensuite voulu se joindre au projet comme marraine.
Pont entre les nations
L’objectif du projet est de « fêter et d’ouvrir l’esprit des jeunes. Pour leur enseigner l’histoire, mais aussi pour le futur», explique Victoria Bond.
Tout au long de l’année, les élèves du primaire étudient les peuples autochtones. Cette activité permettait de faire un lien entre leurs apprentissages et la vie réelle.
Pour l’enseignante Hayat Cherrou, c’est une façon de montrer «les contributions que [les autochtones] ont fait maintenant et qu’ils font encore [au Canada]»
Nancy Rankin a adoré ses rencontres avec les jeunes. Selon elle, ils sont d’emblée très ouverts. En les mettant en contact avec la culture autochtone à un jeune âge, ça leur permet de rester ouvert plus tard. «Un jour, ces enfants-là vont devenir des parents et vont montrer [cette culture] aussi».
C’est pour elle une belle façon de faire «un pont» entre les nations en se montrant «de l’intérêt mutuel».
Dans le cadre de causeries dans la classe de Hayat Cherrou, les élèves en ont appris plus sur l’histoire difficile des autochtones, notamment par rapport aux pensionnats. «Ils ont été très touchés», raconte l’enseignante des Aventuriers.
Victoria Bond souligne que ce genre d’initiative permet de prévenir les drames du passé. «Il faut que les générations futures apprennent à se respecter les unes les autres.»
Journée de fête
Pour Nancy Rankin, la journée des peuples autochtones est une journée de fête. «Y’a 40 ans, on cachait nos racines autochtones […], mais maintenant, on peut être fière. On a réussi à se réapproprier notre culture.»
Sa communauté a été touchée par le drame des pensionnats autochtones. Néanmoins, cette journée ne représente pas pour elle un moment de ressentiment, mais bien de rassemblement où les Premières Nations peuvent enfin «prendre leur place».
En cette journée, la classe de Hayat Cherrou a reçu la visite virtuelle de Nancy Rankin en matinée.
En soirée, un vernissage aura lieu à Sainte-Marguerite du lac Masson, où le projet prend son ancrage. Les toiles seront ensuite exposées au bord du lac Masson pendant un mois.
«Chaque année, on aimerait faire des activités ou des projets comme ça pour célébrer cette journée», lance l’enseignante.