La conclusion d’un litige vieux de six ans entre la Ville et le promoteur des Tours du Commodore a mené à un conflit ouvert entre le maire Marc Demers et l’opposition officielle… à 18 mois de l’échéance électorale.
«Poser des questions à votre administration, M. Demers, n’est pas une pratique illégale; c’est le rôle des élus de poser des questions. La menace, l’intimidation et la diffamation fonctionnent possiblement dans votre monde, pas dans le nôtre. La dissimulation de l’information ne doit plus faire partie de la politique lavalloise pour camoufler vos erreurs et coûteuses décisions.»
Voilà ce que le conseiller municipal de Fabreville, Claude Larochelle, déclamait dès la reprise de l’assemblée du conseil municipal suspendue la veille, le mardi 5 mai,
En réplique au maire
Représentant du Parti Laval, M. Larochelle réagissait ainsi au communiqué publié quatre heures plus tôt par le cabinet du maire qui dénonçait «certains élus» d’avoir «agi de façon irresponsable» en commentant publiquement le dossier judiciarisé du Commodore dans les médias.
«Bon nombre d’informations transmises publiquement par ces conseillers sont complètement fausses et induisent insidieusement la population en erreur, y déclarait M. Demers. Cela a des répercussions négatives sur la confiance des citoyens, mais pourrait aussi faire déraper le processus judiciaire en cours, ce qui serait contre les intérêts de la population lavalloise. C’est tout à fait inacceptable.»
La veille, quelques minutes avant l’ajournement de l’assemblée municipale, le maire s’en était également pris aux deux oppositions qu’il accusait «d’épouser les théories de la poursuite en faisant des affirmations […] avant même d’avoir les faits entre les mains».
«On le sait, quand une cause est devant les tribunaux, les avis sont très, très clairs: évitez de discuter de ça sur la place publique», avait enchaîné M. Demers tout en laissant entendre que ces agissements pourraient être sanctionnés.
À cet égard, son communiqué du 6 mai reprenait un article du Code d’éthique et déontologie des élus de Laval selon lequel «le membre ou l’employé politique doit, en tout temps, agir avec loyauté, discrétion, prudence et de manière à protéger l’information confidentielle ou privilégiée de la Ville» et en vertu duquel il est «interdit […] d’utiliser à des fins partisanes ou politiques toute information ne pouvant être obtenu conformément à la Loi sur l’accès aux documents des organismes».
Diversion
Affirmant avoir commenté des informations publiques et non confidentielles, le Parti Laval soutient que «le maire Demers a tenté de détourner l’attention de la controverse entourant l’entente dans le dossier du Commodore en intimidant les conseillers de l’opposition dans le but de les faire taire».
Dans un communiqué qu’il publiait à son tour le 7 mai, le chef du parti et conseiller municipal de Marc-Aurèle-Fortin, Michel Trottier, évoque le rôle qui incombe à l’opposition dans le débat politique.
«Le maire Demers ne comprend pas le concept de débat. Les propos qui s’opposent aux siens sont, pour lui, inacceptables ou complètement faux. On a même eu droit à des menaces de représailles cette semaine! Il va falloir qu’il comprenne que commenter publiquement un dossier, ce n’est pas illégal. Si l’opposition n’est pas là pour dire aux Lavallois et aux Lavalloises qu’ils se font avoir, personne ne va le faire.»
Enfin, revenant sur les échanges du 6 mai précédant le vote qui allait entériner le règlement hors cour et mettre ainsi fin à une poursuite de 66 M$, M. Trottier reproche au maire Demers d’avoir lui-même «dévoilé des informations confidentielles sur les immeubles cédés [dans l’entente] provenant de documents internes de la Ville», transmises aux élus quelques minutes avant le conseil de la veille.
«Le maire tente de faire la morale à l’opposition, mais livre des informations confidentielles sans se soucier du code d’éthique des élus. Il aurait intérêt à le relire attentivement», termine-t-il.