Depuis 2017, la rémunération annuelle du maire Marc Demers est passée de 170 000 à 217 000 $, une hausse de 28 % qui en fait le 2e élu municipal le mieux payé au Québec derrière la mairesse de Longueuil, Sylvie Parent, mais devant la mairesse de Montréal, Valérie Plante.
Voilà ce que La Presse révélait dans son édition du 18 avril après avoir comparé le traitement salarial des maires des grandes villes depuis l’entrée en vigueur de la Loi visant principalement à reconnaître que les municipalités sont des gouvernements de proximité et à augmenter à ce titre leur autonomie et leurs pouvoirs.
Celle-ci a, entre autres, modifié la Loi sur le traitement des élus municipaux qui, jusque-là, fixait une limite à leur rémunération.
Explication
Au cabinet du maire, on affirme qu’hormis l’indexation à l’Indice des prix à la consommation (IPC), le salaire de base du maire – tout comme celui des conseillers municipaux – n’a pas été revu au cours des 21 dernières années.
«Si le maire a vu son salaire augmenter, c’est uniquement parce que la Loi a fait en sorte qu’il n’y a plus de rémunération maximale. On doit cumuler les montants», explique Valérie Sauvé en évoquant les sommes provenant du comité exécutif de la Ville (18 050 $), de la Communauté métropolitaine de Montréal (45 000 $) et de l’Autorité régionale de transport métropolitain (20 000 $). Divulgués par La Presse, ces montants s’ajoutent à son salaire de base de 117 670 $ et une allocation de dépenses de 16 767 $.
«Sachez que nous n’avons jamais sollicité ce déplafonnement. C’est le gouvernement du Québec qui l’a décidé», poursuit Mme Sauvé, précisant que les 65 000 $ que les instances suprarégionales versent à Marc Demers «ne sont pas déterminés par la Ville». Idem pour l’allocation que touchent les élus lavallois.
De son côté, le chef de cabinet de l’opposition officielle, Geoffroy Désautels, ne manque pas rappeler que «les maires de Montréal, Québec et Gatineau ont tous réagi avec un règlement [municipal] pour plafonner leurs revenus. Le maire [Marc Demers], lui, s’est prévalu d’une augmentation de 30 %. Nous, on déplore ça.»
Groupe de travail
La porte-parole du cabinet du maire mentionne au passage qu’un groupe de travail a été mis en place ces dernières semaines à Laval.
«Nous avons tenu des rencontres avec des représentants de chaque parti pour parler de la rémunération des élus», fait-elle part tout en souhaitant rallier tous les conseillers municipaux à une proposition commune même si la loi n’exige que l’appui des deux tiers du conseil.
À ce propos, M. Désautels tient à mettre en perspective le fait que cette initiative survienne 15 mois après l’entrée en vigueur de la Loi 122.
Il attribue davantage la présente démarche à la décision d’Ottawa d’imposer depuis le 1er janvier l’allocation de dépenses des élus, ce qui a fait beaucoup réagir les conseils municipaux à travers l’ensemble de la province, soutient M. Désautels.
«Ce n’est pas un enjeu pour l’élu qui utilise ces sommes [16 767 $] pour accomplir ses tâches de conseiller puisque ses dépenses demeurent déductibles d’impôt», dit-il, concédant qu’un élu habitué d’empocher cette «enveloppe discrétionnaire» sans engager la moindre dépense perd beaucoup.
@ST:Loin d’une entente
@R:Essentiellement, le Parti Laval – Équipe Michel Trottier a accepté de prendre part aux discussions sur la rémunération pour corriger l’iniquité dont souffrent les élus lavallois par rapport à leurs vis-à-vis des neuf autres grandes municipalités du Québec.
«Contrairement au maire Demers [le 2e mieux payé], les conseillers municipaux à Laval arrivent au 9e rang devant Terrebonne», note Geoffroy Désautels.
Ce dernier estime qu’en maintenant les élus à un salaire de base de 31 320 $, on nourrit «l’enjeu de la loyauté associée aux nominations» à des postes rémunérés à différents conseils d’administration de sociétés para-municipales et autres comités municipaux.
Après trois rencontres, il soutient que les parties sont «très loin d’une entente».
Même son de cloche du côté de la seconde opposition.
Leader-adjoint d’Action Laval, David De Cotis est d’avis que l’exercice ne doit pas se limiter à revoir à la hausse la rémunération de base des conseillers municipaux, mais réviser également les émoluments versés dans tous les comités où siègent des élus, ce que l’administration Demers refuserait de faire pour le moment. «Par exemple, les membres du comité exécutif gagnent plus qu’à Montréal et Québec», souligne-t-il en parlant de ses anciens collègues.
Tant qu’à faire, aussi bien procéder «de façon responsable», laisse entendre M. De Cotis, précisant qu’une «refonte complète» permettrait de réajuster tantôt à la hausse, tantôt à la baisse la rémunération des élus.