Joanne Castonguay, commissaire à la santé et au bien-être, a émis, le 19 janvier, son rapport Le devoir de faire autrement qui porte sur la première vague de la pandémie de la COVID-19.
Cet épisode avait particulièrement touché les milieux d’hébergement de la province dans lesquels 4836 décès liés au virus ont été constatés.
Dans son rapport, Mme Castonguay affirme que «la responsabilité à la crise que nous avons vécue est collective» et identifie quatre catégories de vulnérabilités de l’écosystème des soins et services aux aînés.
Celles-ci sont la gestion du système de santé en contexte de crise, l’état du système de soins et de services aux aînés au moment d’entrer en pandémie, la gouvernance défaillante des soins et des services destinés aux aînés, ainsi que la gouvernance générale du système de santé et de services sociaux.
Elle soutient que «le Québec était mal préparé pour faire face à une pandémie», notamment en raison du manque de main-d’œuvre, de l’insuffisance d’encadrement du personnel et d’un déficit d’expertise en matière de prévention et de contrôle des infections.
La commissaire à la santé et au bien être croit que cet «échec collectif» s’explique par le fait que «le ministère [de la santé] ne valorise pas son rôle, pourtant essentiel, de gouvernance» en portant son attention sur les opérations du système plutôt que les résultats obtenus.
Cela freinerait le développement d’une offre de soins et de services qui optimiserait les ressources de santé.
Ajustements
Mme Castonguay a aussi proposé cinq recommandations qui peuvent être mises en place à court terme pour ne pas revivre l’épisode de la première vague de la pandémie de la COVID-19 :
- Développer et adopter une stratégie nationale intégrée de préparation aux risques sanitaires;
- Développer une culture de transparence en matière de politiques et de décisions relatives à la santé des populations;
- Adopter un système d’évaluation des résultats en fonction d’une norme internationale reconnue pour soutenir la prise de décision;
- Planifier et réguler l’offre de services d’hébergement selon les résultats attendus et selon un mode de financement équitable;
- Appel à des solutions concertées pour rehausser la prestation des soins de santé et de services sociaux dans les milieux de vie.
À plus long terme, elle croit que le Québec devra renforcer le rôle stratégique de la santé publique pour la placer au cœur des priorités stratégiques du ministère de la Santé et des Services sociaux, tout en définissant l’évolution souhaitable de sa mission.
Un plan national pour doter le Québec d’un système de santé axé sur la valeur des soins et services offerts à la société devra également être réfléchi.
Réactions
Le gouvernement du Québec a d’ailleurs rapidement réagi à la publication de ce rapport en deux volets.
«Sa conclusion est très claire : elle démontre que, depuis plusieurs années, nos CHSLD ont malheureusement été négligés, a mentionné le premier ministre François Legault lors d’un point de presse tenu le 20 janvier. Il manque des employés et ce ne sont pas tous les CHSLD qui avaient un patron ou une patronne. On a des systèmes d’information dépassés et archaïques. […] Il faut avoir un plan de redressement et de refondation de notre réseau.»
De son côté, la cheffe de l’opposition officielle Dominique Anglade estime que «François Legault a perdu le contrôle dans les CHSLD dès le début de la pandémie» et «confirme qu’il n’avait pas su préparer ces milieux adéquatement face à la menace».
«La commissaire Castonguay estime que le gouvernement a tout en main pour passer à l’action et c’est ce que nous croyons également, affirme quant à lui Pierre Lynch, président de l’Association québécoise de défense des droits des personnes retraitées et préretraitées de Laval-Laurentides. Il faut cesser de procrastiner et mettre en œuvre dès maintenant une vaste démarche de réforme de notre système de santé hospitalocentriste.» (N.P.)