L’administration Boyer et le promoteur derrière la Cité du cinéma, Michel Trudel, ont beau avoir fait leur deuil du règlement de changement de zonage, ce qui implique un retour à la case départ, le projet n’est pas mort pour autant, expliquent-ils.
«Le projet est toujours en marche», a fait valoir le principal en réaction à notre texte titré Michel Trudel fait marche arrière.
Par voie de courriel transmis peu de temps après sa mise en ligne, il ajoute: «Nous poursuivons notre collaboration avec la Ville et on s’adapte aux circonstances. Nous sommes confiants qu’il s’agit d’un projet porteur pour Laval et surtout pour le secteur Saint-François».
L’homme d’affaires lavallois à la tête du projet précise que les résidents de l’est de l’île Jésus profiteront «des retombées d’une industrie d’avenir et respectueuse de l’environnement».
Concours de circonstances exceptionnelles
M. Trudel n’a pas joué de chance.
Les «circonstances» auxquelles il réfère sont du jamais vu depuis la création de Laval, une situation qu’on ne reverra d’ailleurs pas de sitôt.
Le hasard a voulu que son projet coïncide avec la période de transition vers le nouveau Code de l’urbanisme (CDU) en remplacement des règles qui prévalaient depuis plus de 50 ans sur le territoire.
N’eut été d’une demande d’avis de conformité de l’incontournable règlement de zonage L-2001-3795 adopté le 9 août, ce qui en retardait l’entrée en vigueur, le projet suivrait son cours.
Le hic, c’est qu’il devait être en tous points conforme au vieux Règlement L-2000 avant que celui-ci ne soit abrogé.
«Aujourd’hui, on se rend compte qu’on manque de temps», reconnaît le maire Stéphane Boyer en évoquant l’imminente entrée en vigueur du CDU.
Que partie remise
Michel Trudel doit donc retourner à la table à dessin et ajuster son projet à la nouvelle réglementation.
Quant au maire Boyer, il persiste et signe: «Je continue de croire que c’est un projet intéressant; on va donc l’accompagner jusqu’au bout.»
En entrevue au Courrier Laval, il revient sur l’accablant rapport du Service de l’urbanisme qui a fuité dans les médias, affirmant que «beaucoup d’éléments ont été réglés» depuis son dépôt à la mi-juin.
À commencer par les projets de parc urbain et d’école primaire – au sud du site retenu – dont la construction ne sera pas retardée, assure-t-il.
Et l’îlot de chaleur que créerait le million de pieds carrés asphaltés en aires de stationnement?
«Pointez-moi un projet industriel à Laval qui a des cases de stationnement en souterrain!» répond-il tout en précisant qu’il n’y en a pas «parce que financièrement ça ne fait pas de sens» pour ce type de développement.
Incidemment, le changement de zonage réduisait de près de 50 % le nombre minimal de cases que prévoyait le vieux Règlement L-2000 pour un bâtiment de l’envergure de ce complexe de studios de production, fait valoir le maire Boyer. «On passait de 1588 à 859 cases et le promoteur venait planter 565 arbres à travers son stationnement.»
Transparence
Par ailleurs, Stéphane Boyer soutient que contrairement à ce qui a été dit, le rapport de l’Urbanisme n’a jamais été classé confidentiel.
«Il n’y a pas eu de cachette; on a toujours été très transparents, clame-t-il. Dès le départ, on a mentionné à tous les élus qu’on avait un avis défavorable. D’habitude, on ne fait pas ça.»
Dans ce cas, pourquoi ne pas avoir transmis le rapport aux élus qui devaient se prononcer sur le règlement de zonage? C’est que «ces rapports ne sont jamais déposés au conseil municipal», indique le maire. Ils sont destinés aux membres du Comité consultatif d’urbanisme pour alimenter le débat et leur réflexion avant qu’ils ne formulent leur recommandation au comité exécutif qui, à son tour, y va de sa recommandation au conseil municipal. «C’est la procédure normale», termine M. Boyer.